Guinée équatoriale : la Société générale mise en cause

Le quotidien Le Monde révèle que les juges français en charge de l’enquête sur les avoirs détenus en France par la famille Obiang s’intéressent à la filiale équato-guinéenne de la Société générale. Sous pression, celle-ci aurait permis le transfert de très importantes commissions sur les ventes de bois.

Le siège de la filiale de la Société générale en Guinée équatoriale. © Renaud Van der Meeren/Editions du Jaguar

Le siège de la filiale de la Société générale en Guinée équatoriale. © Renaud Van der Meeren/Editions du Jaguar

Publié le 14 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 14/02/2014 à 16H50CET. Ajout de la réaction de la Société générale.

Dans son édition datée du 15 février 2014, le quotidien français Le Monde révèle le rôle trouble qu’aurait joué la Société générale, via sa filiale en Guinée équatoriale, dans le cadre du transfert en France d’importantes sommes en faveur du clan Obiang. Des sommes qui auraient été perçues sous forme de commission sur l’exploitation et le commerce du bois. Selon les révélations du Monde, la Société générale de banques en Guinée équatoriale (SGBGE), deuxième banque du pays, aurait permis le transfert de 47 millions d’euros en deux fois (avril et juin 2006) « destinés à acquérir un jet privé et une résidence à Malibu, pour Téodorin Obiang », fils du président et vice-président de la Guinée équatoriale.

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Ces découvertes ont été faites par les juges Roger Le Loire et René Grouman, chargés de l’enquête sur les avoirs détenus en France par les familles dirigeantes de la Guinée équatoriale, du Congo-Brazzaville et du Gabon, plus connue sous le nom d’affaire des « biens mal acquis ». Dans le cadre de cette affaire, Téodorin Obiang est visé par un mandat d’arrêt.

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Menaces et pressions

Il apparaît, d’après les documents auxquels Le Monde a eu accès, que la Société générale a également laissé son personnel travailler dans des conditions très dangereuses. Le quotidien révèle ainsi les très fortes pressions auxquelles ont été soumis certains employés de la SGBGE, dont Jean-Marie Navarro, directeur général d’août 2007 à novembre 2009. Selon le quotidien, Mr Navarro aurait déclaré aux enquêteurs avoir été placé en garde à vue pendant sept heures par le ministre de la sécurité, oncle du président Obiang, pour « avoir organisé un hold-up ». 

Placé en garde à vue pendant sept heures par le ministre de la sécurité

« Le manque de respect vis-à-vis d’un membre de la famille Obiang concernant un refus d’exécuter une opération financière était synonyme de prison », aurait ajouté Mr Navarro aux enquêteurs français.

Cession

Une mission de l’inspection générale de la banque française aurait conclu en 2010 à la nécessité de céder la banque, cession dont Jeune Afrique s’était fait l’écho il y a un peu moins d’un an. A l’époque, Bank of Africa, filiale du marocain BMCE Bank, s’était porté candidat au rachat de la SGBGE, malgré des dissensions au sein de la direction de BOA et du conseil d’administration sur ce sujet. Aucune information ne filtre aujourd’hui sur l’état des discussions entre les deux parties.

Dans ces déclarations aux enquêteurs, Mr Navarro estime qu’un départ de la Société générale exposerait le personnel expatrié « à des réactions très dangereuses en matière de sécurité (…) ».

Contacté par Le Monde, Emmanuel Marsigny, conseil de Mr Obiang, conteste cette vision des choses « ne voyant pas d’éléments probants liés aux prétendues commissions imposées par mon client. En Guinée équatoriale,il est légal pour un fonctionnaire d’être à la tête d’une société privée contractant avec l’Etat ».

Interrogée par Jeune Afrique, la Société générale a tenu à préciser qu’elle « gère ses filiales dans le respect des réglementations qui leur sont applicables localement et internationalement et met en place les procédures de contrôle conformément aux réglementations bancaires. Nous tenons également à préciser que nous sommes particulièrement attentifs à la sécurité de nos personnels partout dans le monde. »

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