Dernier tango à Paris

L’écrivain péruvien Alfredo Bryce Echenique redonne vie à la Ville lumière des années 1970. Mélancolique.

Publié le 10 février 2004 Lecture : 2 minutes.

« S’il existe des guides pratiques, bons et mauvais, il n’existe pas, que je sache, des guides tristes, et encore moins de Paris. » Le ton est donné d’entrée de jeu, dans le titre Guide triste de Paris comme dans le prologue du recueil de nouvelles d’Alfredo Bryce Echenique. Ce n’est pas la première fois que cet écrivain péruvien associe la Ville lumière à la tristesse. Dans un ouvrage précédent, L’Amygdalite de Tarzan, paru en français il y a deux ans, il écrivait : « Paris […] peut se remplir de tristesse et de fatigue, elle peut aussi devenir très froide. »
Tout se passe comme si l’auteur prenait un malin plaisir à écrire à contre-courant sur cette ville qu’il connaît bien pour y avoir enseigné durant de longues années. Mais, en réalité, ces nouvelles sont loin d’être tristes. Le Remigio González de « Machos caducs et lamentables », sorte de double de l’auteur qui débarque en 1964 pour faire des études de lettres, rêve plutôt de bohème et de prostituées au Quartier latin. À Paris, on mange et on danse. On mène parfois vie de château (« Château Claire ») grâce à quelque combine. On fait la révolution. Ou on rêve, comme tous les Latinos de l’époque – de gauche, guevaristes et castristes, même s’ils roulent en Mercedes. Et même les morts semblent belles (« La plus belle mort de 1968 »).
C’est vrai, il est question d’étudiants vivant dans des chambres de bonne, de peintres sans le sou. Mais quand on est latino, eh bien, on sait faire la fête et les « gens se battent pour t’inviter » (« L’assassinat hors de prix de Juan Domingo Perón »).
Les histoires se déroulent toutes sur un air de tango et dégagent un parfum de mélancolie qui colle à la peau des personnages. Ces derniers se déplacent dans le Paris des années 1960 et 1970. Celui de la jeunesse de Bryce Echenique, né en 1939 à Lima. Et ce Paris-là n’existe plus.
Les pires clichés – la concierge espiègle, le voisin rabat-joie, « la plus forte densité de crottes de chien au millimètre carré de rue… » – n’y feront rien. Le lecteur suit volontiers l’auteur du Monde pour Julius. Surtout quand il entonne une vieille chanson de l’époque qui traduit bien la tristesse de Paris et de ses habitants : « Pauvres pauvres Parisiens / Ils ont vraiment une vie de chien… »

Guide triste de Paris, d’Alfredo Bryce Echenique, éditions Métailié, 189 pp., 16 euros.

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