Au Togo, les nouvelles mesures anti-Covid passent mal

Le Togo a prorogé de douze mois l’état d’urgence sanitaire assorti d’une dizaine de nouvelles mesures privatives de liberté pour tenter de faire baisser la courbe ascendante des cas de Covid-19. Le pays qui a enregistré 15 décès en une semaine espère, d’ici à fin décembre, voir se faire vacciner plus d’un million de personnes.

L’état d’urgence sanitaire au Togo a été prorogé et est entré en vigueur jeudi 16 septembre pour un an. © ALPHONSE LOGO/Anadolu Agency via AFP

L’état d’urgence sanitaire au Togo a été prorogé et est entré en vigueur jeudi 16 septembre pour un an. © ALPHONSE LOGO/Anadolu Agency via AFP

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Publié le 16 septembre 2021 Lecture : 3 minutes.

Centres de prise en charge des malades de Covid-19 débordés, équipements de soins en nombre insuffisant, faible adhésion à la campagne de vaccination… C’est dans ce climat que le Togo connaît une montée de cas positifs depuis juillet dernier. En août le pays a enregistré 5763 cas confirmés dont 33 décès. Pire, ce sont 15 décès qui ont été dénombrés entre le 27 août et le 3 septembre dernier.

Devant ce tableau sombre, les autorités togolaises ont décidé d’adopter de nouvelles mesures préventives, en vigueur depuis lundi 13 septembre, notamment la présentation à l’entrée des bâtiments des services publics d’un Pass sanitaire téléchargeable en ligne après avoir reçu les doses de vaccin, la refermeture des églises partiellement rouvertes il y a un an, des bars, des discothèques, puis l’interdiction de toute manifestation de plus de 15 personnes, des funérailles, des mariages entre autres.

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Si ces mesures ne couvrent pour l’instant qu’un mois, l’état d’urgence sanitaire quant à lui a été prorogé et est entré en vigueur jeudi 16 septembre pour un an, au lieu des six mois demandés dans le projet de loi envoyé par le gouvernement à l’Assemblée nationale. Les députés de la majorité présidentielle, Union pour la république (UNIR), porteurs de l’amendement sur le doublement du délai justifient leur décision par la gravité de la situation et le relâchement observé depuis quelques mois, qui obligent à prendre des mesures drastiques.

« L’état d’urgence sanitaire, c’est à dessein de permettre au gouvernement de mieux programmer ses actions. Douze mois n’est pas excessif (…) Il faut donner le temps nécessaire au gouvernement pour trouver des solutions à la pandémie. Si demain matin il règle le problème, c’est fini ! On ne serait pas allé jusqu’à un an », a justifié le président du groupe parlementaire, Atcholé Aklesso.

Une stratégie jugée « agressive »

Selon les données consultées par Jeune Afrique, les cas positifs et les décès enregistrés s’observent parmi la frange de population non vaccinée. Pour encourager l’inoculation sans pour autant la rendre obligatoire, le gouvernement a eu recours à l’exigence du Pass sanitaire pour accéder aux bâtiments administratifs publics. La stratégie, jugée « agressive » par certains, est justifiée par la Première ministre qui estime que la phase précédente, axée sur la pédagogie et la communication, n’a pas permis d’atteindre les résultats escomptés.

« Nous avons des centres de vaccination qui sont vides parce que les gens affectés par les fausses informations n’y vont pas ou juste parce qu’ils ont peur de se faire vacciner. Donc nous sommes obligés de passer à une autre stratégie pour faire peur » a martelé Victoire Tomégah-Dogbé devant le Parlement mardi 14 septembre lors du vote de la loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire.

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Ce changement d’approche commence déjà à porter ses fruits. D’à peine 100 vaccinés au quotidien depuis le 10 mars, date du lancement officiel de la campagne, le nombre a bondi avec 20 000 à 33 000 personnes du lundi 13 septembre au mercredi 15.

Le Togo table maintenant sur un rythme moyen de 10 000 doses administrées chaque jour et plus d’un million de vaccinés d’ici fin décembre 2021

Pour le gouvernement, qui mise sur une immunité collective de la population – soit 60 % –  afin d’atteindre une stagnation de la pandémie dans le pays, « la vaccination reste le moyen le plus sûr avec le respect des gestes barrières ». Le pays a reçu à ce jour près d’un million huit cent mille doses de différents vaccins – Astrazeneca, Sinovac, Pfizer et Johnson and Johnson – à travers plusieurs initiatives.  450 000 personnes sont à ce jour totalement vaccinées et ont reçu leurs deux doses, ou une seule dans le cas du Johnson & Johnson. Le Togo table maintenant sur un rythme moyen de 10 000 doses administrées chaque jour et plus d’un million de vaccinés d’ici fin décembre 2021.

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« Éviter de terroriser le peuple »

La stratégie consistant à « faire peur » choisie par le gouvernement reste toutefois vertement critiquée dans l’opinion, surtout au sein de l’opposition et de la société civile. La DMK (Dynamique Monseigneur Kpodzro, qui regroupe plusieurs partis d’opposition), par la voie de Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, appelle le gouvernement à ne pas « menacer » ni « terroriser » les Togolais, « à ne pas les toucher dans ce qu’ils ont de plus profond, c’est-à-dire leur foi et leur libre choix de se faire vacciner ».

« Les Togolais attendent bien mieux de vous, madame la Première ministre. Offrez-leur des opportunités de travail, protégez-les contre les incertitudes de l’avenir, garantissez-leur la sécurité, mais définitivement, ne commencez pas à leur faire peur », a de son côté lancé l’opposant Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (PT).

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