Saham-Colina : un couple qui marche

Reprise ? Non. Intégration ? Pas davantage. Entre le marocain Saham Finances et l’ouest-africain Colina, l’heure est au « partenariat ».

Saham a acquis Colina en 2010. © Émilie Régnier

Saham a acquis Colina en 2010. © Émilie Régnier

Publié le 19 février 2014 Lecture : 4 minutes.

« En rachetant Colina, nous sommes devenus un groupe panafricain et pas seulement une société marocaine qui s’est développée en Afrique. » À la tête de Saham Finances, Raymond Farhat y croit : on ne parlera plus un jour de Colina, racheté à la fin de l’année 2010, et de Saham comme de deux sociétés distinctes. Pour y parvenir, Farhat veut gommer les frontières qui séparent les différentes équipes au sein du groupe.

D’ailleurs, en 2010, la compagnie avait rendu publique l’acquisition de Colina en choisissant minutieusement ses mots. Aux termes de « reprise » ou d’ »intégration », la direction avait préféré le mot « partenariat ». « Il traduit notre volonté de favoriser l’interculturalité, insiste Farhat. On ne peut pas diriger un groupe qui compte 25 filiales d’assurances et être présent dans vingt pays en restant uniquement au siège, à Casablanca. »

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« On ne peut pas diriger un groupe qui compte 25 filiales dans 20 pays en restant à Casablanca », Raymond Farhat, directeur de Saham Finances

C’est pourquoi cinq directions régionales ont été constituées. « Chacune est dotée de véritables moyens d’animation et de contrôle », détaille Farhat, qui considère Casablanca comme une plateforme de coordination. Ainsi, Joël Alfred Ackah, le directeur général de Colina Côte d’Ivoire, pilote la région de l’Afrique de l’Ouest, alors que Mehdi Tazi, le jeune secrétaire général de Saham Finances, dirige celle de l’Afrique du Nord.

Synergies

Quant à la mutualisation des savoir-faire, les exemples ne manquent pas. S’appuyant sur l’expertise de sa filiale marocaine Isaaf Assistance, le groupe a aménagé une assistance automobile en Côte d’Ivoire à la fin de l’année 2012 et projette de développer cette activité dans d’autres pays au sud du Sahara. De la même façon, sa filiale CNIA Saada, numéro trois de l’assurance au Maroc, reconnue pour son expertise en matière de distribution, est sollicitée pour gérer ce domaine au sein d’autres filiales du groupe.

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De son côté, le modèle de Colina, qui a adopté un système de tiers-gérance dans la santé depuis le début des années 2000, a été dupliqué au Maroc, notamment avec l’établissement de partenariats avec des prestataires agréés ; ce qui permet d’optimiser la gestion des remboursements. Enfin, LIA Insurance, l’assureur libanais racheté en 2012 et partenaire de Bank Audi, le premier réseau de bancassurance régional, pourrait lui aussi inspirer le groupe.

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Passerelle

La création de passerelles entre les différentes filiales est d’autant plus aisée que les résultats financiers sont encourageants.

Selon Farhat, en l’espace de trois ans, Saham Finances a multiplié par quatre son chiffre d’affaires pour son pôle assurances en Afrique subsaharienne, soit 400 millions de dollars (environ 293 millions d’euros). En outre, la rentabilité des filiales absorbées en 2010 progresse.

Dans son rapport annuel de 2012, Colina souligne un rendement sur fonds propres de 21 %, contre 12 % pour l’année précédente. Une stratégie qui reçoit un écho positif chez les investisseurs. Après l’apport en 2012 de 90 millions d’euros de la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale) et de 95 millions d’euros du capital-investisseur émirati Abraaj, la société d’investissement française Wendel a injecté 100 millions d’euros dans la compagnie marocaine en novembre 2013.

De quoi encourager la poursuite de nouvelles acquisitions, comme celle de Mercantile Insurance au Kenya, en 2013. « Actuellement, 40 % du chiffre d’affaires assurances du groupe est réalisé par les filiales africaines [hors Maroc]. Mais, à terme, notre objectif est de porter cette contribution à 50 % », insiste Farhat.

Rêve

À cet égard, la mobilité professionnelle revêt une dimension stratégique. Le rêve de Farhat, qui consiste à faire fusionner complètement les équipes, est intact : « Nous devons promouvoir l’expatriation. » Pour ce faire, le groupe a élaboré un système de retraite complémentaire qui permet aux salariés candidats à l’expatriation de ne pas être pénalisés par des régimes de protection sociale qui diffèrent d’un pays à l’autre. Enfin, l’objectif est de valoriser l’expérience acquise à l’international et de gérer le mieux possible le retour au pays des expatriés.

Bendidi, patron par intérim

Fin novembre, le conseil d’administration de Saham a entériné la nomination de Saâd Bendidi comme directeur général délégué du groupe. Une décision prise après l’entrée au gouvernement marocain de son PDG, Moulay Hafid Elalamy, nommé ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique.

Chargé d’assurer l’intérim, il supervisera le développement du groupe. Diplômé des plus prestigieuses écoles françaises (Centrale Paris, Sciences- Po et HEC), Saâd Bendidi est une figure du monde des affaires au Maroc. Il a évolué au sein du groupe FinanceCom, le holding d’Othman Benjelloun, où il a été PDG de l’assureur RMA Watanya et président de l’opérateur télécom Méditel.

En 2005, il est nommé président de l’ONA, le groupe privé marocain contrôlé par la famille royale. Il y reste jusqu’en 2008. Depuis, il a investi dans plusieurs entreprises et siège dans de nombreux conseils d’administration. 

Julien Clémençot

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