Bush compte ses « amis »

À l’examen des votes dans l’enceinte onusienne depuis 2002, Washington a de plus en plus de mal à rallier le reste du monde à ses choix.

Publié le 6 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Après les attaques du 11 septembre, George W. Bush avait lancé au monde sa fameuse mise en garde : « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. » Deux ans plus tard, force est de constater que les États-Unis comptent leurs « vrais amis » sur les doigts d’une main. C’est du moins ce que prétend le rapport d’un groupe conservateur, Freedom Alliance, qui a analysé les pratiques de vote des 191 États membres des Nations unies. Le département d’État américain a lui aussi remarqué « l’accroissement des divergences entre Washington et le reste du monde ». En 1997, les pays membres de l’ONU votaient presque la moitié du temps comme les États-Unis (46,7 %), alors qu’en 2002 ce taux de coïncidence n’était plus que d’un tiers. D’après la liste établie par Freedom Alliance, seuls Palau, les îles Marshall et Israël peuvent être considérés comme des fidèles de l’Amérique – Bush aux commandes ou pas.
L’allégeance de Marshall et de Palau s’explique par leur histoire. La République de Palau, un archipel de 458 km2 situé au sud-est des Philippines, non loin des îles Carolines, a été administrée par les États-Unis dans le cadre d’un protectorat de l’ONU (Trust Territory of the Pacific Islands) jusqu’en 1994. Et les États-Unis y restent le principal bailleur de fonds – la monnaie de l’île est d’ailleurs le dollar. Les relations entre les États-Unis et les îles Marshall sont identiques (voir J.A.I. n° 2243), à une différence près : la République de Kessai Hesa Note abrite une base militaire américaine.
La fidélité d’Israël (qui vote comme l’Amérique dans 93 % des cas) trouve sans doute son origine dans le soutien inconditionnel que lui apportent les États-Unis depuis le milieu des années 1960. Il n’est donc pas surprenant que, a contrario, le groupe arabe s’oppose aux Américains de façon presque aussi systématique (83 %).
Dans le souci de débusquer l’ennemi, Freedom Alliance remarque que les pays qui refusent de suivre les États-Unis dans l’enceinte onusienne « sont les mêmes que les pays qualifiés de terroristes », à savoir la Syrie, l’Iran, l’Irak, la Libye, le Soudan, ainsi que la Corée du Nord et Cuba. Le rapport note que, « étonnamment, les pays qui se rangent aux côtés des régimes terroristes reçoivent une aide américaine considérable ». Et les conservateurs de montrer l’Égypte du doigt. Le pays d’Hosni Moubarak empoche chaque année, depuis vingt-cinq ans, quelque 2 milliards de dollars, sous la forme d’aide humanitaire, militaire ou strictement économique, alors qu’il détient la palme des pays qui « votent contre », soit quarante-cinq fois en moyenne par session.
L’Afrique n’est pas moins hostile à la politique étrangère américaine. D’après ce même rapport, le groupe africain vote contre les États-Unis dans 80 % des cas. Les 53 pays de l’Union africaine s’opposent constamment aux résolutions de l’ONU en faveur d’Israël tandis qu’ils réclament aux Européens des réparations financières pour l’esclavage.
S’agissant des quinze pays membres de l’Union européenne, Freedom Alliance met en garde Washington : il ne faut plus leur faire confiance : « Ils ont prouvé leur bassesse en s’abstenant de voter en faveur des États-Unis. » Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la France suit plus souvent les États-Unis (56 %) que la Pologne (50 %), par exemple…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires