Trafics tous azimuts

Publié le 9 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Malgré la guerre qui lui est faite depuis des années, le trafic de drogue a probablement doublé entre 1992 et 2002. Pendant la plus grande partie de la décennie 1990, une moyenne de 500 000 personnes par an sont entrées clandestinement aux États-Unis.
Les gouvernements n’ont pas réussi à mettre fin à un grand nombre de trafics. Il y a quinze ans, les opérations commerciales illicites étaient très peu nombreuses. Aujourd’hui, elles représenteraient entre 400 et 600 milliards de dollars par an. Les mouvements insurrectionnels ne semblent guère avoir de difficultés pour se procurer les armes dont ils ont besoin : le trafic d’armes est estimé à 10 milliards de dollars. Celui des êtres humains s’élève également à 10 milliards de dollars. Le « marché » des objets d’art volés représente, selon Interpol, 3 milliards de dollars par an. Ces dix dernières années, tous ces trafics internationaux n’ont cessé de prendre de l’ampleur. L’explosion du blanchiment d’argent donne une idée de la taille du commerce illicite mondial. Il a été multiplié par dix depuis 1990, pour atteindre entre 1 000 et 1 500 milliards de dollars aujourd’hui. Quand on pense que le commerce mondial licite a seulement doublé, de 5 000 à 10 000 milliards de dollars, on prend la mesure du bond qu’a fait le commerce illicite.
Comme des entreprises normales, les trafiquants se diversifient pour réduire le risque encouru à n’avoir qu’une seule source de revenus. De même, ils dépensent beaucoup d’argent pour acheter le soutien et la protection des hommes politiques et des fonctionnaires bien placés. Enfin, ils investissent au maximum dans des activités prestigieuses : Églises, sport, manifestations artistiques, oeuvres sociales, organes de presse.
La forte diversification de groupes engagés dans des activités illicites qui s’impliquent dans des affaires légales – tels le passeur marocain qui s’affiche en Espagne comme promoteur immobilier ou le trafiquant d’armes russe qui possède une banque à Chypre – brouille la frontière traditionnelle entre activités légales et illégales. Ce brouillage est encore renforcé par les liens étroits que les réseaux criminels internationaux entretiennent dans leurs pays d’origine et à l’étranger avec les hommes politiques et les fonctionnaires. Très souvent, les liens sont si étroits que les dirigeants font passer l’intérêt national après celui de l’entreprise criminelle. Ainsi, pendant la plus grande partie des années 1990, Vladimiro Montesinos a été le grand responsable de la sécurité au Pérou, et il travaillait en étroite liaison avec l’Agence américaine de lutte contre la drogue et la CIA. Il est aujourd’hui accusé de blanchiment d’argent et d’avoir été à la tête d’un important trafic international d’armes et de drogue. Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique pakistanaise, vendait des informations sur la technologie nucléaire à la Corée du Nord et à la Libye non pas dans l’intérêt national de son pays, mais pour se remplir les poches.

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