Sud-Soudan, un an après

Que reste-t-il de l’accord de paix signé à Nairobi en janvier 2005 ?

Publié le 9 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Lundi 9 janvier 2006. Un an jour pour jour après la signature à Nairobi d’un compromis historique entre le gouvernement de Khartoum et les anciens rebelles sudistes de l’Armée populaire pour la libération du Soudan (APLS), la feuille de route tracée par les ex-ennemis jurés a été respectée. Pourtant, la disparition brutale de John Garang, chef de file de l’APLS et artisan des négociations, avait un moment fait craindre le pire. Face aux violentes émeutes déclenchées par le décès du leader charismatique, survenu le 30 juillet 2005 dans un accident d’hélicoptère, nombre d’observateurs s’étaient empressés d’enterrer le processus de paix et de prédire la reprise de l’un des conflits les plus longs et les plus meurtriers du continent.
Mais, une fois n’est pas coutume, le calme n’a pas tardé à revenir, grâce en partie à la désignation unanime de Salva Kiir Mayardit, ex-lieutenant de Garang, à la tête de l’APLS.
Il avait fallu deux ans et demi de tractations, et la pression constante des États-Unis, pour parvenir à l’accord de paix global ouvrant la voix au partage du pouvoir et de la manne pétrolière. Le 8 juillet 2005, John Garang goûte enfin le fruit de sa victoire lors de son retour triomphal dans la capitale soudanaise pour y être nommé vice-président. Deux mois et demi plus tard, le 22 septembre, le premier gouvernement d’union nationale voit le jour sans le mythique chef rebelle. Comme convenu, les Sudistes obtiennent plusieurs portefeuilles, dont celui des Affaires étrangères, et Salva Kiir succède à Garang au poste de vice-président. Un pas supplémentaire est franchi le 22 octobre : un gouvernement autonome sud-soudanais s’établit dans la ville de Juba, principal bastion des forces armées de Khartoum pendant la guerre. Tout un symbole.
Au terme d’une période transitoire de six ans, un référendum d’autodétermination scellera l’avenir du pays le plus étendu du continent, qui célèbre cette année le 50e anniversaire de son existence. Les habitants du Sud pourront alors choisir l’unité ou l’indépendance. Mais pour l’instant, l’heure est à la reconstruction. Les stigmates de la guerre, qui a fait du Sud-Soudan l’un des endroits les plus pauvres de la planète, seront longs à effacer. Seuls 500 000 réfugiés – sur les 4 millions estimés par l’ONU – ont pris le chemin du retour. La région demeure dépourvue d’infrastructures, d’électricité, de système sanitaire, et près des trois quarts de la population n’a toujours pas accès à l’eau courante. Sur les 4,5 milliards de dollars d’aide internationale promis en avril dernier par les bailleurs de fonds, seuls 130 millions ont été versés. Mais le gouvernement autonome dispose également de la moitié des revenus de l’or noir, dont la production a atteint 500 000 barils par jour à la fin 2005. Seul le développement permettra un retour durable à la paix. En espérant que les rivalités tribales qui refont surface depuis la mort de Garang ne conduisent pas à une nouvelle guerre civile Sud-Sud, alors que la violence déchire toujours le Darfour et demeure sous-jacente à la frontière éthiopienne.

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