Le cas Pilcam

Publié le 9 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Il n’y a pas si longtemps, l’entreprise créée par Victor Fotso faisait la fierté du pays. La première pile camerounaise « Pilcam » remonte aux années 1970 et a progressivement dominé le marché national avant de s’imposer au Gabon, au Tchad et en Centrafrique, notamment. Emblème d’une industrie africaine florissante, la société a enregistré plus de 11 milliards de F CFA de chiffre d’affaires en 2001. « Depuis, nos ventes ont chuté de 35 %, nous avons réduit notre personnel avec vingt départs à la retraite anticipée, et nous sommes passés à quatre jours de travail par semaine », se désole le directeur, David Miklas, qui accuse les importations frauduleuses et une concurrence chinoise déloyale : « Nous avons fait le choix de la technologie en lançant une nouvelle pile, la R6. Nous avons investi 500 millions de F CFA, nous payons des impôts et les taxes sur les matières premières que nous importons et, au final, les piles chinoises de mauvaise qualité inondent le marché. »
Le lot des quatre piles chinoises est vendu 125 F CFA, soit deux fois moins cher que les Pilcam. Si on prend en compte les cours mondiaux du zinc ou du manganèse, ce prix de vente permet à peine de payer les coûts de fabrication. Les taxes douanières ? « Les quantités et les valeurs déclarées au port de Douala ne correspondent pas à la réalité, et l’autre partie des marchandises transite illégalement par le Nigeria », explique David Miklas en regardant ses deux nouvelles chaînes de montage automatisées, mais arrêtées faute de commandes. Pilcam devrait enregistrer des pertes en 2005 et, « si cela continue, des décisions vont devoir être prises ».
Depuis quelque temps, le gouvernement mène une campagne de lutte contre le commerce de contrebande. Des saisies ont été effectuées à Douala en avril 2005, des transitaires redressés par les services fiscaux et des importateurs identifiés. Mais cela n’a pas suffi. Loin s’en faut. Manque de volonté ou de moyens, l’appareil répressif montre ses limites. On peut aussi s’interroger sur l’attitude des banques. La Gazette camerounaise relate l’histoire d’une secrétaire gagnant 100 000 F CFA par mois mais qui s’est vu accorder un crédit de 800 millions pour financer une activité d’importation de pagnes ! Pour des banques qui ont la réputation de délivrer avec parcimonie des prêts aux PME, il y a de quoi être surpris. « L’État doit agir vite sinon il sera trop tard », avertit Miklas.

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