Ces dictateurs qui nous fatiguent

Publié le 9 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

La prochaine Conférence des chefs d’État de l’Union africaine est prévue les 23 et 24 janvier, à Khartoum, au Soudan. Le lieu de ce rendez-vous bisannuel avait été décidé lors du sommet d’Abuja, en janvier 2005, quand le général Omar Hassan el-Béchir, le président soudanais, avait conjuré ses pairs de choisir sa capitale afin que « l’Afrique tout entière célèbre le cinquantenaire de l’indépendance » de son pays. Pour émouvoir encore davantage l’assistance, celui-ci s’était fendu d’un : « Votre accord constituerait un appui considérable pour accélérer le processus de paix au Sud-Soudan. »
Le pays des deux Nils avait pourtant beaucoup de choses à se faire pardonner avant d’obtenir une telle reconnaissance. Principal soutien aux islamistes maghrébins, ex-terre d’asile des terroristes Carlos et Oussama Ben Laden, le Soudan est, par ailleurs, soupçonné d’avoir commandité une tentative d’assassinat contre le président égyptien Hosni Moubarak, en 1995… à l’occasion d’un sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) ! En accédant, à Abuja, à la demande de Béchir, les chefs d’État africains n’ont, malheureusement, pas tenu compte de ce passif.

Idriss Déby, ancien seigneur de guerre, est, lui, arrivé au pouvoir en décembre 1990, après avoir pris les armes contre l’ex-dictateur Hissein Habré dont il fut le chef d’état-major. Ses troupes étaient alors basées au Soudan. Quinze ans plus tard, le voilà lui-même contesté par une rébellion constituée de certains de ses anciens subordonnés qui le harcèlent à partir du territoire… soudanais. Appelant à la mobilisation, il déclare son pays « en situation de belligérance ». Et convoque ses pairs d’Afrique centrale ou envoie ses émissaires sillonner les capitales du continent pour faire reporter le sommet de l’UA, afin d’en obtenir la délocalisation. De son côté, le Soudan proteste et affirme son innocence, tout en maintenant son aide aux insurgés tchadiens.
Toutes ces gesticulations de dictateurs vieillissants ne seraient que pathétiques si elles ne donnaient lieu à une multitude de drames humains. Et ne remettaient en question l’entreprise de modernisation et de démocratisation des instances africaines. Sommet ou pas, guerre ou paix, l’UA est toujours l’otage de dictatures d’un autre âge.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires