2006 Ce qui nous attend

Du retrait d’Irak des troupes américaines à l’épidémie de grippe aviaire, en passant par les négociations à l’OMC ou l’aide à l’Afrique…

Publié le 9 janvier 2006 Lecture : 7 minutes.

L’année 2005 achevée, le Financial Times se penche avec une certaine fierté sur les prévisions de ses spécialistes concernant ces douze derniers mois : Bush s’est effectivement montré un peu moins « unilatéral » et Condoleezza Rice est bel et bien devenue une secrétaire d’État pleine d’autorité ; des élections ont eu lieu, malgré tout, en Irak ; le processus de paix au Proche-Orient a pris du plomb dans l’aile après l’évacuation de Gaza ; et Londres s’est vu octroyer les jeux Olympiques de 2012 au grand dam de Paris… Certes, tout n’a pas été parfait : le baril de pétrole, par exemple, a terminé l’année bien au-dessus des 50 dollars annoncés par le F.T. Mais le quotidien britannique juge son score assez bon pour prendre le risque de faire de nouvelles prévisions – pour 2006, cette fois. Voici les principales.

Les Américains commenceront-ils à quitter l’Irak ?

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Oui, mais il est peu probable que ce retrait soit total. La réduction du nombre des
soldats américains stationnés dans le pays ils sont actuellement 170 000 se fera parallèlement à un transfert progressif de la responsabilité de la sécurité aux forces
armées irakiennes, processus qui devrait s’accélérer.
Les troupes américaines sont déjà moins visibles et leur présence sera encore plus discrète en 2006. Elles devraient jouer un rôle de soutien aux troupes irakiennes dans la plupart des provinces, mais conserveront l’initiative des opérations militaires contre
l’insurrection.

Le cycle de Doha sera-t-il bouclé ?

Probablement pas. Même si les négociations dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) aboutissent, il restera des problèmes en suspens jusqu’au début de 2007. Mais l’issue ne devrait plus faire aucun doute à ce moment-là (voire avant).
Les principaux problèmes tiennent au nombre relativement peu élevé d’intervenants de premier plan. Les négociateurs américains affirment qu’ils n’obtiendront jamais l’aval du Congrès si leurs exportations ne bénéficient pas d’une sensible amélioration de leurs conditions d’accès au marché. Les grands pays en développement (PED), comme le Brésil, ont une position analogue. Selon les États-Unis, il est impossible d’avancer dans le
domaine agricole si lesdits PED ne présentent pas dans les autres domaines des propositions substantielles. Or ces derniers ne font pratiquement aucune concession dans les secteurs qui intéressent les États-Unis.
Il semble qu’un compromis ambitieux soit impossible, bien que nécessaire. Et qu’un compromis plus modeste soit possible, mais inacceptable. Les chances de succès sont donc minces. Mais les négociateurs commerciaux se sont déjà sortis de situations fort embarrassantes. Peut-être y arriveront-ils une nouvelle fois. Ou peut-être repousseront-
ils sine die la recherche d’une solution.

Le cours des actions continuera-t-il de grimper ?

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Une économie mondiale florissante, des profits élevés, une forte activité dans le domaine des fusions et acquisitions… Tout cela devrait contribuer à entretenir la flamme sur les marchés boursiers. Malgré trois années consécutives de gains, les valeurs restent raisonnables parce que la croissance des profits a été plus forte que la hausse des cours
des actions.
Mais les mauvaises surprises potentielles sont légion. On ne peut exclure, par exemple, que le taux de croissance des profits ralentisse, que les déceptions sur les gains soient
plus nombreuses qu’en 2005, que l’augmentation des prix des matières premières relance l’inflation… De même, il est possible que des tensions apparaissent sur le marché des obligations si les taux d’intérêt s’élèvent plus que prévu, ou qu’un fort ralentissement des dépenses de consommation américaines (voire un attentat terroriste ou une épidémie de grippe aviaire) déséquilibre le marché. Mais l’hypothèse la plus probable reste que les actions finiront l’année plus haut qu’elles ne l’ont commencé.

Les démocrates reconquerront-ils le Congrès ?

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En théorie, toutes les conditions sont réunies pour que les démocrates retrouvent la majorité au Congrès américain lors des élections de la mi-mandat, en novembre. Au plus bas
dans les sondages, le président Bush a bien du mal à se remettre de ses échecs en politique intérieure et à remobiliser le Parti républicain, sur lequel s’accumulent les accusations de corruption.
En fait, la tâche ne sera pas aisée. D’abord, parce que le pays est profondément divisé, et les électorats des deux grands partis largement figés. Ensuite, parce que l’administration a procédé à un tripatouillage électoral très sophistiqué. Résultat : les duels serrés seront très peu nombreux. Pour contrôler le Sénat, les démocrates devront tous les remporter. La situation est encore pire pour la Chambre des représentants : seulement une trentaine de sièges (sur 435) seront âprement disputés. Lors des élections
de 2004, 98 % des sortants avaient été reconduits…
En 1994, les républicains avaient recueilli 54,6 % des suffrages populaires et gagné 52 sièges. Si les démocrates réalisaient cette année un score comparable, leur gain ne
devrait pas dépasser 10 sièges. Or il leur en faut 16 pour reconquérir la majorité à la Chambre…

L’or restera-t-il au-dessus de 500 dollars ?

Il a fallu dix-huit ans pour que l’once d’or dépasse à nouveau la barre des 500 dollars. Peut-elle se maintenir à de telles hauteurs ? L’Histoire incite à répondre par la négative. Il est vrai qu’elle a été quelque peu bousculée ces derniers temps, ce qui pourrait indiquer qu’elle est entrée dans une ère nouvelle.
Traditionnellement, l’or faiblit quand le dollar se renforce, et vice versa. Mais le métal jaune a actuellement tendance à évoluer indépendamment de la monnaie américaine. Et il se maintient au plus haut, sans doute pour longtemps, face au yen, à l’euro et à la livre sterling. Les autorités allemandes continuent de se demander si elles doivent vendre une partie de leurs stocks : on ne sait donc pas si les Banques centrales européennes vendront la totalité des 500 tonnes auxquelles elles ont droit dans le cadre
de l’accord en vigueur. Dans ces conditions, il est probable que les cours de l’or resteront dans une fourchette comprise entre 480 et 550 dollars.

Le Japon et la Chine se réconcilieront-ils ?

Probablement pas. Junichiro Koïzumi, le Premier ministre japonais, qui a braqué l’opinion
chinoise par ses visites répétées au sanctuaire de Yasukuni (à la mémoire des victimes japonaises de la Seconde Guerre mondiale), a annoncé son intention de démissionner en septembre. Mais son successeur peut-être Shinzo Abé pourrait bien se montrer encore plus intransigeant que lui sur ce problème. Les Chinois, quant à eux, ont lancé en Asie une campagne visant à isoler diplomatiquement le Japon. Pourtant, les liens économiques sont plus forts qu’ils ne l’ont jamais été : la Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Japon. Avec le temps, un rapprochement entre les deux pays n’est donc pas à exclure. Au nom de la paix et de la prospérité en Asie.

Le dernier dictateur européen sera-t-il renversé ?

Non. Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, sera candidat, en mars, à un nouveau
mandat de cinq ans. En dépit des critiques dont il est l’objet en Occident, il va selon toute apparence truquer les élections et se maintenir au pouvoir. Depuis 1994, il a peu à peu réduit au silence les médias indépendants, les organisations non gouvernementales et les partis d’opposition. Sa police secrète a conservé le nom et les pouvoirs du KGB des temps soviétiques. L’opposition ne présente qu’un seul candidat à la présidence, mais ses divisions ont empêché l’organisation d’une campagne unitaire du type de celle qui a permis la révolution orange en Ukraine.

Quel sera le sort de l’Afrique ?

La liste des promesses faites à l’Afrique mais jamais tenues est longue, très longue. Dans ces conditions, les Africains eux-mêmes ne devraient pas se montrer trop surpris si les pays riches ne respectaient pas en 2006 les engagements pris au cours de l’année
précédente. L’objectif d’un doublement de l’aide d’ici à 2010 a peu de chances d’être atteint si l’on fait le compte de l’argent actuellement consacré aux projets de
développement. Le total de l’aide a certes augmenté, mais c’est essentiellement en raison d’importants allègements de la dette. Qu’en sera-t-il une fois ces opérations terminées ? Les perspectives pour 2007 et 2008 ne sont guère encourageantes…
Du côté africain, il ne faut pas non plus s’attendre à des miracles en matière de bonne gouvernance et d’ouverture démocratique. Contrairement à ce qui se passe en Europe de l’Est, les dirigeants africains ne sont pas incités à changer leurs manières de faire par la perspective d’une adhésion à l’Union européenne.

Y aura-t-il une pandémie de grippe aviaire ?

De nombreux spécialistes de la santé publique s’étonnent que le sinistre virus H5 N1 de la grippe aviaire n’ait pas encore provoqué une pandémie humaine. Pourtant, depuis 1997, il a fait davantage de victimes chez les oiseaux qu’aucun autre virus dans l’Histoire. Et les occasions de mutation qui lui auraient permis de se transmettre à l’homme n’ont pas manqué. Pourquoi n’ont-elles pas été saisies ?
Apparemment, quelque chose dans la biologie et la génétique du H5 N1 fait qu’il lui est plus difficile de « s’humaniser » que les précédents virus aviaires, tels ce H1 N1, qui, en 1918, fut à l’origine d’une dramatique pandémie de « grippe espagnole ». Rien n’indique
que le virus actuel franchira le pas fatidique en 2006.

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