Chems-eddine Hafiz : « Il n’y a pas d’islamiste modéré »
L’ACTU VUE PAR… Chaque samedi, « Jeune Afrique » invite une personnalité à décrypter un sujet d’actualité. Aujourd’hui, le patron de la Grande mosquée de Paris tranche à sa manière le débat autour de l’islam politique.
Conseiller pendant vingt ans de l’ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur, le Franco-Algérien Chems-eddine Hafiz a pris en janvier 2020 la tête de la GMP.
Depuis, cet avocat fait trembler l’arène communautaire, « gelant tous les contacts » avec sa composante islamiste en décembre 2020, annonçant en mars 2021 le retrait de la GMP du bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM) ou encore recevant en juillet 2021 la blasphématrice Milla pour lui offrir un Coran. Plaideur et prêcheur, il publie en cette rentrée un Manifeste contre le terrorisme islamiste (paru aux éditions Erick Bonnier ce 16 septembre – 82 pages, 9 euros) où il condamne sans détour l’ensemble de l’islam politique.
Sans entraves, l’application de l’islamisme, c’est les talibans
Jeune Afrique : Vous désignez l’islamisme comme le fléau de l’islam, mais au Maroc, les islamistes du PJD [Parti de la justice et du développement] ont montré leur aptitude à s’intégrer au jeu politique en acceptant leur défaite aux législatives de septembre…
Chems-eddine Hafiz : L’exception marocaine tient au fait que le souverain est le Commandeur des croyants. Les islamistes sont défavorablement concurrencés par cette légitimité. En outre, ayant pris acte de la victoire parlementaire du PJD [en 2011], le roi a maintenu ses prérogatives, notamment régaliennes.
En Tunisie, les islamistes n’avaient pas les coudées franches et en Égypte, Morsi n’a pu aller jusqu’au bout de sa logique. Mais, sans entraves, l’application de l’islamisme, c’est les talibans. L’Algérie a eu l’exemple du Front islamique du salut (FIS) qui, en 1991, allait instaurer une charia dans sa conception la plus stricte.
Il ne peut donc y avoir, selon vous, un islam politique modéré ?
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