Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud : des nouveaux pôles régionaux pour la production de vaccins ?

Selon le Africa Risk Reward 2021, les investissements réalisés dans les start-up africaines dévolues à la santé peuvent faire émerger des nouveaux pôles de production de vaccins sur le continent.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa visitant, le 29 mars le site de production d’Aspen Pharmacare à Port Elizabeth. Il s’agit du seul site produisant à ce jour un vaccin anti-Covid sur le continent. © Lulama Zenzile/Die Burger/Gallo Images/Getty

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa visitant, le 29 mars le site de production d’Aspen Pharmacare à Port Elizabeth. Il s’agit du seul site produisant à ce jour un vaccin anti-Covid sur le continent. © Lulama Zenzile/Die Burger/Gallo Images/Getty

David Whitehouse © The Africa Report

Publié le 24 septembre 2021 Lecture : 3 minutes.

En 2020, 103 millions de dollars ont été investis dans les start-up africaines de la santé, soit près de quatre fois le montant de 2019. Les investissements dans les biotechnologies ont également grimpé, selon le 2021 Africa Risk Reward Index publié cette semaine par le cabinet de conseil anglais Control Risks et Oxford Economics Africa.

Selon le rapport, ces investissements permettent de réduire le prix des vaccins grâce à la réduction des droits d’importation, des taxes et des coûts de transport. « La longévité de la crise du Covid-19 soutiendra l’élan dans les secteurs de la technologie de la santé et de la biotechnologie, mais les avantages des solutions développées persisteront beaucoup plus longtemps », indique le rapport.

L’Afrique produit seulement 1 % des vaccins qu’elle utilise

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L’objectif de l’Union africaine et des centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) est de produire, d’ici à 2040, près de 60 % des vaccins de routine sur le continent. Le Rwanda, le Sénégal et l’Afrique du Sud ont été identifiés comme des pôles régionaux potentiels. Le continent peut bénéficier de l’élan donné au développement de vaccins contre d’autres maladies que le Covid-19, selon le rapport de Control Risks et Oxford Economics Africa.

D’ici à 2030, le marché du vaccin triplera sur le continent

Aujourd’hui, l’Afrique produit seulement 1 % des vaccins qu’elle utilise. En effet, la plupart des capacités de l’industrie du vaccin étant utilisées pour le conditionnement et la distribution plutôt que pour le développement des médicaments.

Selon le cabinet de conseil américain McKinsey, le marché africain des vaccins passera de 1,3 milliard de dollars par an aujourd’hui à entre 2,3 et 5,4 milliards de dollars d’ici à 2030. Il souligne également le fait que les marchés émergents comme le Brésil, l’Inde et l’Indonésie ont réussi à développer des industries nationales de production de vaccins. L’Inde fournit notamment 70% des vaccins utilisés en Afrique.

Le centre de transfert de technologies de vaccins à ARNm sud-africain pourrait s’atteler à d’autres maladies

La société pharmaceutique allemande BioNTech a déclaré le 27 août qu’elle envisageait le Rwanda et le Sénégal comme sites de production de vaccins contre le paludisme et la tuberculose. La Société financière internationale (IFC) a, quant à elle, déclaré qu’elle soutiendrait le Rwanda pour développer une usine de fabrication de vaccins.

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Selon le rapport, le centre de transfert de technologies de vaccins à ARNm, en cours de développement en Afrique du Sud, pourrait également s’attaquer à d’autres maladies. Aussi, des capacités de séquençage du génome sont actuellement mises en place au Liberia, au Nigeria, au Sénégal et en Sierra Leone.

Différents obstacles

Les lacunes de l’Afrique en matière de couverture vaccinale ne se limitent pas au Covid-19. Selon le cabinet McKinsey, chaque année, plus de 9,4 millions d’enfants africains ne reçoivent pas la troisième et dernière dose recommandée du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche.

La Zlecaf va contribuer à résoudre certains problèmes

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Les brevets demeurent un obstacle au progrès, malgré les efforts déployés par l’Afrique du Sud et l’Inde pour que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) suspende temporairement les brevets du vaccin Covid-19, indique le rapport. À cela s’ajoutent les différences de réglementation sur le continent, qui constituent une entrave à la recherche, aux transferts de technologies et à l’accès au marché.

L’accord de libre échange continental africain (Zlecaf) contribuera à résoudre certains de ces problèmes. En effet, les pourparlers sur l’harmonisation de la propriété intellectuelle devraient commencer à la fin de 2021, mais « les progrès risquent d’être lents », explique le rapport.

Industrie biotechnologique

Le développement de l’industrie biotechnologique sur le continent peut également profiter au secteur agricole. Le rapport estime que chaque dollar investi dans les semences de culture biotechnologique rapporte entre quatre et cinq dollars à un agriculteur.

En 2019, seuls six pays africains – Afrique du Sud, Eswatini, Éthiopie, Malawi, Nigeria et le Soudan – ont utilisé des cultures biotechnologiques, bien que d’autres gouvernements aient exprimé leur intérêt.

En réalité, l’adhésion aux brevets sur les vaccins ralentit non seulement la lutte contre le Covid-19, mais aussi le développement des capacités de production de vaccins.

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