Approche concrète

Le Rocher s’investit de manière croissante dans l’aide au développement des pays du Sud. Notamment en Afrique.

Publié le 9 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Trois millions d’euros. C’est la somme qui sera consacrée par Monaco à l’aide publique au développement en 2006, dont 80 % à destination du continent africain. Le montant paraît dérisoire comparé aux milliards alloués par les États-Unis, le Japon, la France, le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Mais il devrait croître rapidement, le prince Albert II ayant placé la solidarité internationale au rang de ses priorités dès son discours d’investiture le 12 juillet 2005. Le nouveau souverain s’est également engagé devant la 60e Assemblée générale des Nations unies « à augmenter sensiblement l’aide monégasque » jusqu’à y consacrer 0,7 % de sa richesse, conformément aux Objectifs du millénaire destinés à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici à 2015. Un pourcentage qui sera difficile à évaluer puisque le produit intérieur brut du Rocher n’est pas calculé.
« La volonté personnelle et politique affichée par le prince Albert II est réelle », affirme Jérôme Froissart, administrateur principal du bureau de la coopération internationale. Qui en veut pour preuve la hausse de 30 % de son budget en 2006. Les premiers pas de la coopération monégasque remontent à 1993 (année où la principauté rejoint les Nations unies), lorsque le département des travaux publics prend en charge un programme d’urbanisme au Liban. Mais il faut attendre 1998 pour que le Rocher se dote d’une véritable structure de coopération dotée d’un budget spécifique. Sept ans plus tard, le bureau de la coopération internationale gère une trentaine de dossiers dans dix-huit pays.
Avec près de 70 % du budget total, l’aide bilatérale tient le haut du pavé. Mais Monaco agit également au niveau multilatéral dans le cadre de l’Alliance mondiale des villes contre la pauvreté, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation internationale de la Francophonie. Principaux destinataires de l’aide monégasque : le Maroc, le Burkina, le Niger et Madagascar. « Pour l’instant, la coopération se concentre essentiellement sur l’aire méditerranéenne, l’Afrique de l’Ouest francophone et Madagascar », explique Jérôme Froissart. Mais, en 2006, elle devrait s’étendre à d’autres zones : l’île indonésienne de Nias, ravagée par un tremblement de terre en avril 2005, et l’Afrique du Sud, avec un projet de lutte contre le sida.
Faute d’y consacrer d’importants moyens financiers, la principauté revendique l’originalité de son approche de l’aide au développement. « La coopération politique a montré ses limites. Nous préférons nous concentrer sur des projets concrets répondant à la demande des populations. Et nous obtenons souvent de meilleurs résultats avec moins d’argent », affirme Cyril Juge, consul honoraire à Antananarivo depuis décembre 2002, où la principauté agit principalement dans les domaines de la santé et de la lutte contre la pauvreté. Deux des domaines d’actions prioritaires, avec la préservation de l’environnement et l’éducation.
Autre sujet de satisfaction sur le Rocher, qui tente de rompre avec l’image de charité qu’il véhiculait dans les années 1970 et 1980 : la reprise de certains de ses projets par des bailleurs de fonds plus importants. Comme la promotion de coopératives féminines de production d’huile d’argan au Maroc – premier destinataire de l’aide monégasque – ou le programme de lutte contre la désertification mis en place au Niger, autre pays phare de la coopération monégasque. En septembre 2005, 30 000 dollars d’aide d’urgence ont permis d’acheter 140 tonnes de céréales en provenance du Ghana et de les distribuer aux populations les plus menacées par la crise alimentaire. « La principauté jouit d’une image extrêmement positive au Niger, où elle est plus connue que certains grands pays », affirme Mahamadou Idrissa, consul honoraire à Niamey.
« Le prince Albert fait réellement évoluer l’image de Monaco », souligne, de son côté, Christophe Nuttall, directeur du Centre des partenariats innovants du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Sous l’égide duquel la principauté finance, entre autres, l’opération Web-cities, projet pilote visant à relier par Internet Cotonou, Dakar, Essaouira et Niamey, toutes les quatre membres de l’Alliance mondiale des villes contre la pauvreté, pour favoriser la collecte de données et l’échange d’informations.
Parviendra-t-il à impliquer davantage le secteur privé ? Pour l’instant, seule la Société monégasque des eaux (SME) travaille avec le service de coopération pour la réhabilitation d’une palmeraie au Maroc. L’encadrement technique est généralement assuré par les services gouvernementaux. Avec l’aide des organisations non gouvernementales (ONG) comme la Croix-Rouge ou l’Association mondiale des amis de l’enfance, présentes sur le terrain depuis plusieurs décennies.

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