Sur la piste des Yorubas

Le Béninois John O. Igué se fait historien.

Publié le 5 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

« La première femme yoruba, madame Iroko, originaire d’Ekiti (Nigeria), qui s’est installée à Bouaké, en 1928, n’était pas accompagnée de son mari. C’est aussi une femme qui fut pionnière de la migration yoruba à Niamey : madame Oshuwemimon Mariam, originaire d’Abeokuta. Elle s’est installée au quartier Gaouey vers 1918. C’est autour d’elle que le premier noyau yoruba de la ville de Niamey s’est formé… »
Dans son dernier essai, Les Yorubas en Afrique de l’Ouest francophone 1910-1980(*), le professeur de géographie John O. Igué, actuel conseiller au Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) à Paris, se fait historien. Lui-même « nago », comme on appelle les Yorubas installés de longue date au Bénin, l’auteur a parcouru les zones de fortes émigrations de cette communauté, au Nigeria et dans les six États francophones qui les ont accueillis : Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina Faso et Niger. Dans les deux premiers pays, leur installation initiale est tellement ancienne que leurs descendants ont toujours été considérés comme des Yorubas de souche. On les retrouve dans les districts ruraux de Dassa-Zoumè, Glazoué, Savalou et Bantè au Moyen-Bénin, et dans la région d’Atakpamè, au Togo.
La deuxième vague de migration, qui eut lieu entre le Xe et le XIVe siècle, pendant la période « odudua », s’est soldée par la fondation des royaumes de Kétou, Pobè et Sabè, à l’est de l’actuel Bénin. L’ex-Dahomey, où les Yorubas sont donc chez eux, a servi de plate-forme pour la migration de leurs frères, du Nigeria vers les autres territoires d’expression française.
L’essai passe en revue l’organisation sociale des Yorubas dans leurs zones d’implantation, leur impact socio-économique sur les pays d’accueil ainsi que les limites de leur intégration. L’étude des migrations en Afrique de l’Ouest, que ce soit celle des Yorubas ou celle des Haoussas, des Peuls ou des Malinkés, révèle surtout l’inclination des peuples à s’affranchir des frontières qui les enserrent dans des territoires exigus, et paralysent les échanges commerciaux créateurs de richesse.

* Les Yorubas en Afrique de l’Ouest francophone 1910-1980, John O. Igué, Présence Africaine, 182 pp., 19 euros.

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