Sortir du carcan

Kaboul après les Soviétiques, les talibans et les bombes.

Publié le 5 décembre 2003 Lecture : 1 minute.

Vingt ans, c’est le bel âge, a-t-on l’habitude d’entendre. Celui de l’insouciance, des premières amours, des rêves que l’on se promet de réaliser, des idéaux auxquels on jure d’être fidèle. À Kaboul, en Afghanistan, 20 ans, c’est avoir eu la chance, la foi, la force de survivre. « Cela veut dire avoir survécu au djihad contre les Soviétiques, à la guerre civile, à la folie meurtrière des talibans, aux frappes américaines », rappelle le journaliste Jean-Marie Montali dans la préface de l’album photographique réalisé par Gaël Turine et Assef Soltanzadeh. Et ce dernier, écrivain afghan, de rappeler l’angoisse de Charafi, qui vient de souffler ses vingt bougies et qui est aussitôt alpagué par des officiers pour accomplir son service militaire. Il n’a même pas le temps d’apporter le pain tout juste sorti du four à sa mère. Dans les regards en noir et blanc captés par Gaël Turine, on devine l’ombre d’un Charafi, rongé tout à la fois par la colère et le désir de liberté. Il y a toujours un mouvement dans les clichés du photographe belge, comme si les personnages allaient s’échapper du cadre, du carcan qu’on leur a imposé. La lumière semble glisser sur ces visages encore poupins, aux traits indécis. Parfois elle s’y accroche, laissant apparaître un duvet au-dessus des lèvres ou encore un sourire espiègle, à demi-caché sous un voile. Au fil de ces morceaux de vie, l’impression que ces jeunes ont appris à survivre se renforce. Celle qu’il leur faut encore apprendre à vivre s’impose.

Avoir 20 ans à Kaboul, photographies de Gaël Turine, texte de Assef Soltanzadeh, éditions Charles Léopold Mayer, 96 pp., 15 euros.

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