Éloge de la diversité

Comment protéger l’audiovisuel africain des ravages de la mondialisation ? Les professionnels étudieront la question au Mali en janvier 2004.

Publié le 9 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Les cinéastes africains ne seraient pas encore suffisamment conscients des dangers que représente pour eux le processus de mondialisation en cours : cette vérité s’est confirmée lors des récentes Rencontres cinématographiques de Beaune, qui se sont tenues fin octobre en France, en réunissant comme chaque année les professionnels du cinéma français, avec la participation de quelques cinéastes francophones.
Beaune est devenu au fil des ans le lieu par excellence où s’élaborent les stratégies et les futures lois régissant l’audiovisuel en France, et par extension en Europe. C’est là que se sont déroulés, dans le cadre de la mondialisation du commerce, les affrontements homériques entre les compagnies de cinéma américaines et françaises, ces dernières défendant, pour ne pas être dominées par le tout-puissant Hollywood, « l’exception culturelle ». Selon ce principe, les produits culturels, dont le cinéma, peuvent être subventionnés par les États et ne doivent pas être livrés à la seule loi du marché. Venus spécialement à Beaune, le ministre français de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, et la commissaire européenne à l’Éducation et à la Culture, Viviane Reding, ont affirmé que cette bataille pour la diversité culturelle des nations (face au « modèle unique » américain) commençait à donner des résultats : le principe de « l’exception culturelle » est inscrit dans le projet de la future Convention européenne, pour lequel seule une minorité de pays continuent à prétendre, comme les États-Unis, que l’audiovisuel n’est qu’une marchandise comme les autres.
Le cinéaste tunisien Férid Boughedir, qui avait organisé un colloque sur « L’audiovisuel et l’exception culturelle » aux Journées cinématographiques de Carthage en 2000, a rappelé que les cinémas africains restent, malgré leur peu de moyens, un des enjeux de la nécessaire diversité culturelle de l’humanité. Il a suggéré que l’actuel « lobbying » européen parti de Beaune puisse s’étendre à l’Afrique, sous peine de voir plusieurs États, pour qui la culture n’est pas prioritaire, signer des accords de mondialisation et risquer de perdre ainsi toute souveraineté sur leur audiovisuel futur. Les professionnels européens réunis à Beaune ont applaudi à la déclaration faite par le cinéaste malien Souleymane Cissé. Ce dernier, qui est également le président de l’Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest (UCECAO), a annoncé la tenue au Mali, sur le modèle de Beaune, des Rencontres cinématographiques de Bamako pour étudier les conditions de développement d’un cinéma et d’un audiovisuel indépendants dans la région. La manifestation aura lieu du 22 au 25 janvier 2004.

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