Jean-Michel Aphatie : « Nous sommes convaincus que les Algériens ont été ingrats »

Le célèbre éditorialiste publie un ouvrage consacré au quinquennat d’Emmanuel Macron. L’occasion pour JA de l’interroger sur la question algérienne, à laquelle il est sensible. Et sur le destin d’un autre journaliste politique français : Éric Zemmour. Rencontre.

L’éditorialiste Jean-Michel Aphatie. © Julien Daniel/MYOP

L’éditorialiste Jean-Michel Aphatie. © Julien Daniel/MYOP

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Publié le 30 septembre 2021 Lecture : 8 minutes.

Dans le paysage médiatique français, il détonne. Jean-Michel Aphatie, journaliste politique chevronné, n’a pas la langue dans sa poche. Et ses analyses politiques au cordeau passent rarement inaperçues. Lors de la remise du rapport de Benjamin Stora sur la question mémorielle entre la France et l’Algérie, le 20 janvier 2021, l’éditorialiste s’était fendu d’un éditorial sur une chaîne du service public.

Jean-Michel Aphatie avait alors déclaré que la France devait des excuses à l’Algérie compte tenu de la violence de « la conquête, de l’exploitation et de la guerre ». Ce souci constant de l’honnêteté intellectuelle se retrouve dans son nouveau livre, Les Amateurs (éditions Flammarion). Il y livre une analyse implacable de la Macronie, essentielle pour bien comprendre ce qui va se jouer à l’approche de la présidentielle.

Dans cette enquête fouillée et enlevée, le journaliste politique dévoile « les coulisses du quinquennat », où l’amateurisme tutoie les ambitions mal contenues, et nous plonge dans la mécanique du pouvoir de la Start-up Nation, à neuf mois de la présidentielle.

À travers une série d’anecdotes savoureuses, l’ouvrage de Jean-Michel Aphatie relate ce qui s’est joué au sommet de l’État depuis 2017 et le début de ce quinquennat inédit, tant par les conditions de l’élection d’Emmanuel Macron que par la succession de crises qui l’ont marqué.

Surtout, l’enquête raconte le crépuscule d’un quinquennat jamais vraiment entré dans un nouveau jour. Entre maladresses, burn out et scandales, Les Amateurs ont fait tanguer le sommet de l’Etat. Plus que l’amateurisme, ce récit journalistique explore les failles d’un mandat qui tranche avec la flamboyance de l’élection du printemps 2017.

Ironiquement, l’amateurisme revendiqué par Emmanuel Macron explique en partie le rejet dont il fait l’objet aujourd’hui au sein d’une fraction de la société française. L’amateurisme a laissé des traces et aiguisé les appétits aux extrêmes, à commencer par celui d’Éric Zemmour. Après la décision des autorités françaises de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux pays maghrébins, l’élection semble en effet se jouer sur les sujets imposés par le polémiste.

Sur l’Algérie, Emmanuel Macron est dans le registre de l’émotion.

Jeune Afrique : Le 20 septembre dernier, Emmanuel Macron a fait des annonces fortes en faveur des harkis et de leurs descendants. Il a fait de la question de la mémoire de la guerre d’Algérie un chantier du quinquennat. Comment jugez-vous son action dans ce domaine ?

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Jean-Michel Aphatie : Sur ce sujet sensible entre tous, Emmanuel Macron a parlé de « crimes contre l’humanité » à propos de certaines exactions françaises en Algérie. La formule n’était pas pertinente. Elle a créé une telle tension que depuis le président n’est pas vraiment revenu sur le sujet.

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