Cameroun : décès d’Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamouns

Le sultan s’est éteint ce lundi 27 septembre. Il avait contracté le Covid-19 et avait dû être évacué vers la France, où il avait été hospitalisé. À 83 ans, il demeurait l’une des personnalités les plus influentes du pays.

Ibrahim Mbombo Njoya Le sultan des bamoun devant son palais à Foumban
© MABOUP

Ibrahim Mbombo Njoya Le sultan des bamoun devant son palais à Foumban © MABOUP

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 27 septembre 2021 Lecture : 2 minutes.

C’est la fin d’une ère pour les Bamouns, ce peuple installé depuis sept siècles dans les montagnes de l’ouest du Cameroun. Le sultan Ibrahim Mbombo Njoya, 83 ans, est décédé ce lundi, au petit matin, à l’Hôpital américain de Paris. Dix-neuvième sultan des Bamouns, il y avait été admis à la mi-septembre, après avoir contracté le Covid-19.

Né le 27 octobre 1937 à Foumban, Ibrahim Mbombo Njoya en était devenu le sultan le 10 aout 1992, remplaçant à ce poste son père, Seidou Njimouluh Njoya. Diplômé de l’Institut d’études administratives de Dakar, il avait intégré l’administration camerounaise en 1958, soit deux ans avant l’indépendance, en tant que secrétaire du haut-commissaire de la République française au Cameroun. Le début d’une longue carrière publique, au cours de laquelle il aura occupé à sept reprises des fonctions ministérielles et à deux reprises celles d’ambassadeur.

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D’Ahmadou Ahidjo à Paul Biya

En 1992, Ibrahim Mbombo Njoya avait mis un terme à sa carrière administrative à la faveur de son intronisation, mais il n’avait pas renoncé à la politique. D’abord membre haut placé de l’Union nationale du Cameroun (UNC) d’Ahmadou Ahidjo, il avait ensuite rejoint, dès sa création en 1985, le comité central et le bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple du Cameroun (RDPC, au pouvoir).

Les 29 années de son règne auront été relativement calmes, mais son parcours politique aura été émaillé de rudes batailles, et ce dès l’avènement du multipartisme. La plus féroce d’entre elles l’a opposé à son cousin, Adamou Ndam Njoya, fondateur de l’Union démocratique du Cameroun (UDC, opposition) : tous deux se battront pour Foumban lors des élections municipales de 1996 et le sultan sera sèchement battu dans son propre royaume. L’opposition entre les deux hommes demeurera vive jusqu’au décès d’Adamou Ndam Njoya, en mars 2020.

Ce revers n’a pas empêché Ibrahim Mbombo Njoya et le président Paul Biya d’être proches, le sultan des Bamouns étant considéré comme l’un des hommes les plus influents de la République. En 2013, il fut même pressenti pour occuper la présidence du Sénat, ce qui aurait fait de lui la deuxième personnalité du pays. Mais Paul Biya en décida finalement autrement, lui préférant Marcel Niat Njifenji, originaire de l’Ouest bamileke.

Une bataille pour la succession de Mbombo Njoya devrait maintenant s’ouvrir. Monogame pendant la trentaine d’années qui a précédé son accession au trône, le sultan des Bamoun laisse neuf veuves ainsi qu’une trentaine d’enfants. Or selon la tradition bamoun, ne peuvent prétendre au trône que ceux qui sont nés durant son règne. Dans la querelle qui se profile, nul doute que sa dernière épouse, l’influente africaine-américaine Kadidj Jennifer James Mbombo Njoya, devrait jouer les arbitres.

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