Le symbole de Bizerte
Publié le 9 décembre 2003 Lecture : 1 minute.
Le 14 décembre 1963. Un million de Tunisiens, le quart de la population, se sont déplacés à Bizerte. Symbole d’une longue lutte, enjeu d’une dure bataille, ce nom est pour eux, aujourd’hui seulement, une réalité : c’est un immense complexe industriel et militaire autour d’une rade naturelle que les livres français d’Histoire célébraient comme la plus belle du monde. Il y a deux mois, les militaires français sont partis. Tardivement, mais dignement. De la meurtrière bataille de juillet 1961, il reste des traces sur les murs de la cité, et le souvenir des morts.
Au milieu de la fête, une centaine de journalistes internationaux amis de la Tunisie et de l’Afrique méditent sur le symbole qu’ils ont devant les yeux. La plupart d’entre eux étaient là en juillet 1961, sous la mitraille. À ce moment-là, la force française se déployait devant eux, aveugle et irrésistible. Elle a aujourd’hui disparu, cédant à la volonté populaire et aux nécessités de l’Histoire. À ce moment-là, l’Algérie n’était pas un État et celui qui la représente aujourd’hui à Bizerte, Ahmed Ben Bella, n’était qu’un prisonnier sur le compte duquel on se posait des questions. Aujourd’hui, en même temps que lui salue la libération de Bizerte, son ministre de l’Économie signe avec la Tunisie le premier vrai accord de coopération intermaghrébin.
La fête finie et l’hommage aux morts rendu par un monument qu’on devra ériger pour commémorer leur sacrifice, il faudra s’occuper de l’avenir. Le gouvernement tunisien y a déjà pensé. Héritier d’une infrastructure impressionnante, il doit réussir sa conversion en un district industriel qui peut être un des plus importants de la Méditerranée. L’arsenal et les bassins qui l’entourent vont être mis au service de l’économie tunisienne et de la navigation méditerranéenne. Une zone franche, enfin, va être
installée, qui va permettre l’entreposage et la transformation hors-douane de divers produits en provenance ou à destination du marché européen.
