Le spectre de l’année blanche

Publié le 9 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le bras de fer entre le ministère de l’Éducation et les enseignants du secondaire continue. Rappel : les professeurs de lycée, à l’appel de deux syndicats non reconnus, la Coordination des lycées d’Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPEST), sont en grève depuis la rentrée scolaire, soit une dizaine de semaines. De quoi faire planer le spectre de l’année blanche, avec toutes les conséquences catastrophiques que cela peut avoir, qui plus est à quelques mois de l’élection présidentielle : une année blanche, cela fait désordre dans un bilan que l’on s’apprête à défendre.
Négligeant les représentants des grévistes, la tutelle avait pris langue avec le syndicat officiel, la Fédération nationale des travailleurs de l’éducation (FNTE, affiliée à la centrale syndicale UGTA), pour satisfaire, partiellement, les revendications des professeurs. Le conflit prend une autre tournure quand la CLA et le CNAPEST conditionnent la reprise des cours à un agrément en bonne et due forme. La politisation du conflit devient manifeste. Le gouvernement opte pour la fermeté. Il lance un ultimatum aux grévistes : s’ils ne rejoignent pas leurs établissements le 29 novembre, il seront radiés, remplacés par les milliers de diplômés de l’École normale supérieure (ENS), qui forme les professeurs de lycée. Les protestataires refusent de céder au chantage et reconduisent le mot d’ordre de grève. Le ministère met à exécution ses menaces. Plusieurs centaines de nouveaux enseignants sont recrutés et les avis de radiation pleuvent. Certains établissements rouvrent leurs portes aux élèves, mais ceux-ci refusent de rejoindre leurs classes, réclamant le retour de leurs professeurs. Les enseignants des cycles primaire et moyen manifestent leur solidarité et menacent d’élargir le débrayage à toute l’école algérienne. Panique chez les parents d’élèves : leur fédération exige une rencontre avec Aboubakr Benbouzid, ministre de l’Éducation, et l’obtient le 4 décembre. Deux questions à l’ordre du jour de la réunion : Comment parvenir à la reprise totale des cours ? Comment rattraper le retard ? Durant le débat, les parents se posent en médiateurs pour sortir de la logique de guerre (voir J.A.I. n° 2238) et trouver une porte de sortie honorable pour les deux parties. Le ministre consent à annuler toutes les décisions de radiation pour les professeurs qui mettraient fin à leur mouvement dès le 6 décembre. Il propose, en outre, un calendrier spécial pour éviter l’année blanche : réduction de la durée des vacances de trois semaines, et report du baccalauréat à la mi-juillet, ce qui équivaut à quatre semaines. Soit un total de sept semaines sur les dix de perdues. Pour combler ce retard annoncé, le gouvernement promet de maintenir les professeurs nouvellement recrutés. C’est donc une semaine décisive qui attend grévistes et « jaunes », parents et élèves, administration et syndicats. En un mot, toute l’Algérie.

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