Le Sénégal, Wade et nous

Publié le 9 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Comme beaucoup de Sénégalais, je suis surpris que mon cher journal ne réagisse pas aux attaques dont il fait l’objet de la part de la presse sénégalaise et de l’opposition de ce pays depuis la publication du « Plus » sur le Sénégal (J.A.I. n° 2237). Autant vous dire que je ne partage pas la vindicte dont votre journal (qui est finalement celui de tous les Africains) a fait l’objet au pays. Mais je pense franchement que François Soudan, qui reste à mon avis un très grand journaliste, se donne quelques libertés de plume lorsqu’il traite de l’actualité de certains pays. Mon avis est qu’il devrait demander pardon à l’opinion sénégalaise qui, dans son éditorial, a été confondue dans les mêmes critiques que celles formulées à l’encontre des partis politiques et de la presse. Laissez-nous au moins le droit de critiquer notre Abdoulaye Wade pour qui nous avons voté et à qui nous avons le droit de demander des comptes.

Réponse : Votre surprise devant l’absence de réaction de J.A.I. rejoint dans le fond la nôtre, face à cette mauvaise campagne à laquelle ont participé quelques journaux et – hélas ! – certains hommes politiques de votre pays. Tout ce qui est excessif étant par nature insignifiant, notre décision a effectivement été de ne pas y répondre. Votre lettre, qui a le rare mérite de ne pas confondre la critique avec l’insulte, appelle en revanche de notre part quelques explications.
1- Qu’ils soient ou non accompagnés de publicité, qu’ils traitent du Sénégal ou de l’accord israélo-palestinien de Genève, les « Plus de l’intelligent » sont des ensembles strictement rédactionnels (et non publi-rédactionnels) qui permettent en toute indépendance de faire le point sur un dossier d’actualité ou un pays. En ce qui concerne plus particulièrement le Sénégal, c’était le septième dossier publié dans nos colonnes au cours de ces dix dernières années. Quatre sont parus alors qu’Abdou Diouf était chef de l’État et deux alors que Moustapha Niasse était Premier ministre. Aucun d’entre eux, à notre connaissance, n’a suscité de protestations sur le thème, passablement délirant, du « milliard » qu’aurait perçu notre groupe pour le réaliser. Une telle hystérie n’honore ni le professionnalisme, ni la déontologie des organes de presse qui s’en font écho. Mais c’est une autre histoire.
2- Plus grave est le communiqué qu’un certain nombre de leaders politiques ont signé – ou fait signer – et publié, afin de jeter l’anathème sur l’auteur de ces lignes. Le fait que, pour objecter à un demi-paragraphe dans lequel aucun d’entre eux n’est cité, d’anciens candidats à la présidence de la République (dont un ex-Premier ministre) et des anciens ministres aient jugé opportun de mettre leur nom au bas d’un tract ouvertement diffamatoire est tout simplement consternant. En même temps qu’il en dit long sur la régression du débat au Sénégal et sur la déliquescence d’une partie de sa classe politique.
3- Pas plus qu’Abdoulaye Wade je ne suis moi-même – ainsi que tous ceux qui écrivent dans J.A.I. – au-dessus de la critique. Je respecte donc celles que vous formulez à mon égard même si, à la relecture de mon Prélude au « Plus Sénégal », je ne vois pas très bien où j’ai pu confondre les Sénégalais avec leurs représentants politiques. En tout cas, telle n’était évidemment pas mon intention.

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