Le pacte de Sassou

Publié le 5 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Alors que son pays réapprend progressivement à vivre en paix, le président Denis Sassou Nguesso s’attelle à la lutte contre l’insécurité à l’échelle du continent. Lors du sommet de l’Union africaine (UA), au mois de juillet, à Maputo, il a soumis à ses pairs cet ambitieux programme, conçu comme un « pacte contre l’agression ». L’idée de prévenir les guerres n’est certes pas nouvelle, mais peut-être fallait-il la remettre au goût du jour. En soulignant la nécessité de créer une force de maintien de la paix, de garantir les frontières, de maîtriser la prolifération des armes et de constituer une agence de renseignements continentale.
La revue Géopolitique africaine, qui a publié la profession de foi du chef de l’État congolais, a réuni les 28 et 29 novembre à Brazzaville des chercheurs et des experts militaires, invités à réfléchir à la mise en oeuvre de ce plan. Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’UA, en a profité pour rappeler l’existence d’institutions dont la mission est précisément de prévenir les conflits : la Conférence sur la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération en Afrique (CSSDCA), le Mécanisme d’évaluation par les pairs (MEAP) lancé par le Nepad, et, surtout, le Conseil de paix et de sécurité. « Ce Conseil, a-t-il martelé, est presque notre Conseil de sécurité. Il a le pouvoir d’anticiper les différends et les conflits, d’entreprendre des actions de rétablissement de la paix et de mettre en oeuvre une politique de défense commune. »
Un document directif concernant ladite politique est en cours d’élaboration et sera soumis aux ministres de la Défense et de la Sécurité en février prochain. « Il n’est pas impossible que le président Konaré propose d’y inclure le pacte de Sassou, mais le processus sera long », explique Corentin Ki Doulaye, le chef du centre de gestion des conflits de l’UA. D’autant que la question – essentielle – du financement est encore loin d’être réglée. Y consacrer un pourcentage de l’aide au développement ? Constituer un fonds africain de la paix ? Inscrire les dépenses dans le budget de l’Union ? Les solutions possibles sont nombreuses, mais, à ce jour, seuls sont disponibles les 250 millions d’euros alloués par l’Union européenne pour les opérations de « facilitation de la paix ».
Quoi qu’il en soit, le pacte ne peut exister qu’au sein de l’UA, reconnaît Sassou. « C’est un peu comme de construire une maison, nous a-t-il confié. Les murs existent, mais il faut la meubler. » Malheureusement, les puissances militaires du continent n’étaient pas à Brazzaville pour débattre de la qualité du « mobilier ». Et sans l’armement sud-africain, nigérian, égyptien ou angolais, aucun bataillon panafricain ne peut voir le jour.

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