François Traoré

Porte-parole des producteurs de coton africains, le José Bové burkinabè a subi un échec lors du sommet de l’OMC, à Cancún. Mais « la lutte continue », jure-t-il.

Publié le 5 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Il est président d’une confédération paysanne et fustige l’agriculture intensive pratiquée dans les pays du Nord. Mais ce José Bové africain ne porte pas de moustaches, ne fume pas la pipe et ne s’est jamais attaqué à un McDo. François Traoré est burkinabè. Son Larzac – terre d’élection de Bové – se trouve dans la zone cotonnière de l’ouest du pays. Paysan comme 85 % de ses compatriotes, il se consacre depuis vingt ans à la culture de l’or blanc, la principale ressource du Burkina. Sa force de caractère, sa disponibilité et sa motivation en ont fait le porte-parole des producteurs africains dans leur lutte contre les subventions allouées aux exploitants européens et américains. En septembre dernier, lors de la conférence de l’OMC à Cancún, au Mexique, il a contribué à faire dérailler le train du commerce international. Dans son pays, les gens l’appellent affectueusement « président ». À l’évidence, ils sont fiers de lui et de son action.
Né il y a quarante ans, ce père de famille est un militant dévoué. De son passé d’immigré au Sénégal et en Côte d’Ivoire, il a retenu qu’une paysannerie organisée est une paysannerie forte. Pour tenter de traduire ses principes en actes, il troque sa daba (« petite houe ») contre un stylo. En 1998, il contribue à la création de l’Union nationale des producteurs de coton burkinabè (UNPCB). Depuis quatre ans, il siège au conseil d’administration de la société cotonnière Sofitex, dont, cas unique en Afrique de l’Ouest, son syndicat possède 30 % du capital.
En novembre 2001, François Traoré se sert de sa position privilégiée au sein de l’entreprise pour dénoncer l’injustice dont ses collègues africains sont victimes. L’appel lancé par les producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest est un pavé dans la mare. Au nom des millions de familles qui vivent de cette ressource, il demande « solennellement aux États-Unis et à l’Union européenne de supprimer leurs subventions aux producteurs de coton ».
Le mouvement a depuis pris de l’ampleur. À Cancún, Traoré croyait avoir les bonnes cartes en main. Les ministres du Commerce des pays membres de l’OMC n’avaient-ils pas lancé, à Doha en 2001, un cycle de négociations consacrées au développement ? Or quel dossier est plus légitime que celui du coton ? Pourtant, il ne sera pas retenu dans le texte final, au mépris des attentes des Africains. Mais François Traoré ne baisse pas les bras. « La lutte continue », dit-il. Il a foi dans l’avenir et est convaincu d’oeuvrer pour les générations futures. « Il faut avoir la volonté de combattre. Le seul véritable échec, c’est le découragement. »

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