Et plus si affinités…

Aux musulmans désespérant de trouver l’âme soeur, une agence matrimoniale en ligne propose de les mettre en relation, moyennant finance.

Publié le 5 décembre 2003 Lecture : 4 minutes.

« Je cherche, mais je ne trouve pas. » À force d’entendre les gens de son entourage se plaindre de peiner à dénicher l’âme soeur, Youssef Farghab a lancé la première agence matrimoniale musulmane payante sur Internet (www. Inter-Zawaj.fr.st). À 29 ans, ce Français d’origine marocaine, informaticien chez France Télécom, est l’un des responsables de la Ligue nationale des musulmans de France (LNMF), une association musulmane d’entraide. À sa façon, il veut contribuer à l’épanouissement des membres de la communauté musulmane en France. Et leur proposer la seule offre payante de ce type sur la Toile française. « Dans le gratuit, il y a du bon et du mauvais, explique Youssef Farghab. Le fait que ce soit payant [15 euros, NDLR] est la garantie d’un service de qualité pour le prétendant. Quant à nous, cela nous permet de faire le tri, de nous assurer que le candidat est sérieux puisqu’il est prêt à payer. »
Une garantie, 15 euros pour se marier ? En fait, il faut d’abord lire et accepter les conditions de la Charte disponible sur le site. Ensuite, remplir et valider le formulaire en ligne, et enfin attendre la confirmation de son inscription. C’est seulement alors que les 15 euros doivent être envoyés, pour figurer sur la base de données des adhérents. Concrètement, après la validation de l’inscription, Inter-Zawaj communique au nouvel arrivant un mot de passe par courriel « afin d’accéder à la liste des frères et soeurs désireux de se marier ». C’est cette mise en relation entre « musulmans sincères qui ont pour but de se marier, de fonder un foyer musulman stable » qui est réellement rétribuée.
Ensuite ? Les femmes peuvent accéder aux annonces de tous les hommes sans exception, et réciproquement. À chacun de respecter la Charte. Car tout est là.
Celle-ci précise, entre autres, que « l’adhérent s’engage à agir loyalement, à observer en toute circonstance un comportement islamique et correct envers toutes les personnes avec lesquelles il aura des contacts », autrement dit, à agir dans le total respect de l’autre, tel que prescrit par l’islam. Le document établit également que « tout adhérent victime de mauvais comportement, notamment verbal, est tenu de le signaler à Inter-Zawaj, afin de préserver notre communauté » et aussi que « toute rencontre entre adhérents dans l’intention d’un mariage nécessitera absolument la présence d’un tuteur ». Personne ne pourra donc tenir Inter-Zawaj pour responsable si par mésaventure les choses tournaient mal… Pour trouver l’âme soeur musulmane, le formulaire d’inscription souligne « que plus vous serez précis et concis, mieux on pourra répondre à vos souhaits ». Aussi, les questions vont du poids et de la taille du postulant aux exigences particulières concernant le ou la futur(e) époux(se) en passant par les qualités et les défauts du candidat à la noce.
Depuis un an et demi que ce service existe, une vingtaine de personnes se sont passé la bague au doigt, pour la grande fierté de Youssef Farghab. Singulièrement plus d’hommes que de femmes adhèrent à ce service : 175 entre 18 et 35 ans, contre 125 de 18 à 50 ans. Plus âgées et moins nombreuses, les femmes ? Dans la quête de l’amour éternel, point de différences ! Entre jeunes célibataires romantiques, qui le restent de plus en plus longtemps, et femmes divorcées ou veuves esseulées, le combat pour croiser l’objet de son (grand) amour est identique. Celles-ci demandent en priorité que le prototype de leur prince charmant musulman soit… en situation régulière sur le territoire français. Au cas où, sait-on jamais, le prétendant confondrait mariage et procédure administrative de régularisation de séjour. Carte d’étudiant s’abstenir, cette dernière n’est pas très bien vue. L’heureux élu doit également être un musulman pratiquant, ne pas fumer, ni sortir en discothèque.
Les hommes, eux, recherchent, avant tout, une tendre moitié qui soit musulmane pratiquante, qui puisse se prévaloir d’un niveau d’études universitaires, et soit âgée de 25 à 35 ans. Autant dire que la promise soit du même âge qu’eux, voire plus jeune. Mais en aucun cas plus vieille. Au-delà d’une certaine limite d’âge, la date de péremption d’union de la dulcinée est dépassée.
Les adhérents ne se contactent que par courriel les annonces ne comportent pas la photo du (de la) candidat(e), « pour qu’il n’y ait pas de jugement fondé sur le physique, mais sur ce que la personne a au fond d’elle-même », plaide son promoteur. Soixante pour cent des adhérents masculins ont une très bonne situation, mais peu d’occasions de rencontrer des musulmanes, et 15 % d’entre eux sont des Français de souche convertis à l’islam, lesquels représentent un parti très couru par les jeunes filles. Elles y sont particulièrement sensibles parce que ces jeunes hommes ont délibérément choisi cette religion et sont de fait plus engagés.
« Nous ne sommes qu’un moyen pour que deux personnes se rencontrent, conclut Youssef. Mais il n’y a pas d’obligation de résultat puisque tout dépend de Dieu… » C’est bien connu, l’amour a des raisons que la raison ignore…

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