Deux questions à Me Akere Muna

Ancien bâtonnier du Cameroun et président de la section locale de Transparency International.

Publié le 5 décembre 2003 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique/L’intelligent : Que pensez-vous de l’issue de l’affaire Mounchipou Seidou ?
Akere Muna : En engageant des poursuites contre le ministre des Postes, les autorités ont voulu apporter la preuve de leur bonne volonté en matière de lutte contre la corruption. Mais la manière dont s’est déroulée cette procédure pose plusieurs problèmes. D’abord, Mounchipou Seidou n’a été accusé que de complicité de détournement de deniers publics, ce qui signifie qu’il n’aurait fait que faciliter les malversations. Ensuite, l’opinion publique n’a pas été informée du contenu du dossier : personne n’a compris pourquoi la procédure judiciaire a duré plus de quatre ans. Enfin, pour que ce verdict soit utile au pays, il faut prendre la peine d’analyser la portée du procès, disséquer le système qui a permis ces abus.

J.A.I. : La corruption a-t-elle encore donc encore de beaux jours devant elle au Cameroun ?
A.M. : Dans le classement établi, au mois de septembre, par Transparency International (en fonction de l’indice de perception de la corruption), le Cameroun figure en 124e position sur 133 pays. Depuis quelques années, la corruption est au centre des débats, mais, pour la combattre, il ne suffit pas d’en parler. Il faut agir et, pour commencer, appliquer la Constitution. L’article 66 du Texte fondamental révisé en 1996 oblige le personnel politique à se soumettre à une déclaration de patrimoine, mais il n’est pas appliqué. Il faut réformer le système en profondeur : comment les élites corrompues d’hier pourraient-elles, aujourd’hui, organiser la lutte contre ce fléau ?

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