Colin Powell en tournée maghrébine

Publié le 9 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 11 septembre 2001, les États-Unis portent une plus grande attention aux trois pays du Maghreb central (Maroc, Algérie et Tunisie), qui sont confrontés, comme eux, au terrorisme islamiste. Ce regain d’intérêt s’explique par une volonté d’impliquer davantage ces pays dans la lutte contre les réseaux salafistes et djihadistes liés à el-Qaïda et de trouver de nouveaux débouchés pour les produits américains dans le cadre d’une zone de libre-échange. C’est ce que le secrétaire d’État américain Colin Powell a expliqué au président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, au roi du Maroc Mohammed VI et au président algérien Abdelaziz Bouteflika, rencontrés successivement les 2 et 3 décembre.
Dans les trois capitales, le responsable américain a délivré un même message : la coopération dans la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire au détriment du respect des droits de l’homme. Il a évité cependant de mettre dans l’embarras ses interlocuteurs avec des demandes trop précises dans ce domaine.
Il a aussi rappelé la position de son pays sur la nécessité d’un règlement politique de la question du Sahara sur la base d’une négociation directe entre le Maroc et l’Algérie, en ajoutant que James Baker, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies sur ce dossier, « ne cherche à imposer une solution à ce conflit à aucune des parties ».
En Tunisie, qui n’avait pas vu un secrétaire d’État américain depuis le passage, en décembre 1993, de Warren Christopher, Powell a souligné l’importance des réformes engagées dans les domaines économique et social, tout en plaidant pour une plus grande ouverture politique. Est-ce pour aider la Tunisie à accélérer ses réformes en ce sens que Washington a choisi Tunis pour y installer le « bureau régional pour la mise en oeuvre de l’initiative du partenariat entre les États-Unis et le Moyen-Orient » ? L’Américain a réitéré l’invitation du président Bush à son homologue tunisien à visiter les États-Unis. Date retenue : le 17 février.
Au Maroc, Powell a annoncé que l’accord de libre-échange entre Washington et Rabat sera conclu avant la fin de l’année, en assurant que les Américains « sont très sensibles aux préoccupations des Marocains concernant le secteur agricole ». Il a également annoncé que son pays, qui a repris ses ventes d’armes à l’Algérie depuis 2002, va doubler son assistance militaire au royaume.
À Alger, Powell s’est dit satisfait des assurances données par le président Bouteflika quant à l’équité du processus électoral pour le scrutin présidentiel d’avril prochain. Sur le plan sécuritaire, les Algériens ont demandé au secrétaire d’État de pouvoir accéder en temps réel aux images satellites afin de prévenir des actions terroristes dans le Sud saharien, considéré comme un point de transit pour des éléments proches d’el-Qaïda.
Le chef du département d’État a débarqué à Tunis en provenance de Maastricht (Pays-Bas) vingt-quatre heures avant le président français Jacques Chirac. Simple coïncidence ? Peut-être. Mais si Powell et Chirac ont démenti que les États-Unis et l’Europe sont en concurrence dans la région, ce n’est pas l’avis des Maghrébins, qui comptent bien en tirer quelque profit.

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