Trop, c’est trop

Jamais le nombre de violences sexuelles n’a été aussi important dans un conflit armé.

Publié le 8 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Odette avait 6 ans quand c’est arrivé. Elle jouait devant la maison familiale et puis un combattant Maï-Maï l’a entraînée dans la cour de l’école. Après l’avoir cherchée pendant des heures, ses parents la retrouvent inconsciente, étendue par terre et saignant abondamment. Comme cette fillette, plus de 40 000 personnes ont été violées pendant la guerre civile en République démocratique du Congo, entre 1997 et 2003. Après Human Rights Watch – autre organisation de défense des droits de l’homme -, le rapport d’Amnesty International, présenté fin octobre, confirme la généralisation du viol comme arme de guerre en Afrique.
Selon les victimes, tous les acteurs du conflit en auraient fait usage : combattants d’une vingtaine de milices, armées régulières rwandaise, congolaise, burundaise, ougandaise et, très probablement, personnels de la Mission de paix des Nations unies en RDC (Monuc).
Des femmes, des hommes, des vieillards et même des enfants ont été violés, torturés et réduits à des esclaves sexuels des années durant. Sange, une ex-enfant-soldat enrôlée dans une milice Maï-Maï, explique que les violences sexuelles étaient encouragées par les responsables militaires : « Ils disaient que plus ils me violaient, plus ils seraient des hommes et plus ils grimperaient dans la hiérarchie. » Rachel, d’origine rwandaise, a été séquestrée dans un camp de soldats Interahamwes, les milices rwandaises hutues : « Ils détenaient un grand nombre de jeunes filles et de jeunes femmes comme moi. Presque chaque jour, ils me violaient et disaient qu’ils voulaient faire des bébés avec toutes les femmes et les jeunes filles du Rwanda afin que les rwandophones soient majoritaires dans le Masisi » [à l’est de la RDC].
De l’avis de plusieurs membres de l’ONU et d’ONG, jamais le nombre de victimes d’agressions sexuelles n’avait été aussi important dans un conflit armé ; un contexte propice au développement exponentiel du VIH. Selon le directeur du Programme national de lutte contre le sida, le taux de contamination par le VIH aurait atteint 20 % à 22 % dans les provinces orientales et pourrait menacer plus de la moitié de la population d’ici à dix ans.
Dans l’est du pays, seuls deux hôpitaux sont capables de prendre en charge les victimes. Amnesty International réclame un programme d’urgence pour fournir des soins médicaux et psychologiques aux victimes. L’ONG souhaite aussi une mobilisation des bailleurs de fonds internationaux ainsi qu’une réaction du gouvernement congolais de transition, en vue de prévenir et de punir les agressions sexuelles.

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