Rachid Tlemçani

Publié le 9 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Enseignant-chercheur à l’Institut d’études politiques, à Alger, Rachid Tlemçani a été chercheur à Georgetown University (Washington, D.C.) et à Harvard University (Boston). Élections et élites en Algérie, son dernier ouvrage, a été publié par les éditions Chihab (Alger).
Jeune Afrique/l’intelligent : Comment analysez-vous la situation en Algérie ?
Rachid Tlemçani : Six mois après les élections, la situation sociale ne s’est pas améliorée, en dépit d’une embellie financière. Le pays offre toujours l’image d’un vaste champ de mines, où les émeutes ont tendance à se multiplier. Parce que les Algériens ont l’impression que leurs demandes en matière de logement, d’emploi, de soins et
d’infrastructures ne sont pas sérieusement prises en considération. Les cadres du dialogue
social sont inexistants et les canaux de médiation entre les citoyens et leurs élus sont fermés.
J.A.I. : La répression est-elle le bon moyen d’en finir avec les grèves ?
R.T. : S’ajoutant aux émeutes, les mouvements de grève achèvent de rendre la situation sociale inextricable. Au cours de la dernière période, ils ont touché de nombreux secteurs, notamment la santé, l’éducation, les finances, les ports, l’université, la
poste, les collectivités locales et l’agroalimentaire. Une nouvelle loi en préparation risque de restreindre le droit de grève, pourtant garanti par la Constitution. Le monde arabe dans son ensemble connaît aujourd’hui un grave déficit démocratique. Les dirigeants ont tendance à moderniser les appareils répressifs au lieu de promouvoir les syndicats
autonomes, le mouvement associatif, la liberté de la presse, le respect des droits de
l’homme et du citoyen.
J.A.I. : Un compromis est-il possible entre des travailleurs qui réclament de meilleurs salaires et le gouvernement qui prône la rigueur budgétaire ? R.T. : Un dialogue sincère peut toujours aboutir à un consensus entre les acteurs sociaux et le gouvernement, même lorsque la situation économique et financière du pays est très difficile. Mais un compromis est beaucoup plus difficile à trouver lorsque les représentants authentiques
des travailleurs et des citoyens sont marginalisés. Le pays risque de s’enliser dans une rébellion généralisée que même un État sécuritaire fort ne serait pas en mesure de maîtriser durablement. La gestion autoritaire des crises n’est plus payante à long terme.

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