Primes pour rien ?

Malgré un intéressement de 300 dollars, l’opération de désarmement des ex-combattants n’a connu qu’un succès limité.

Publié le 9 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

A la suite des affrontements sanglants entre chrétiens et musulmans qui ont fait 14 morts
et plus de 200 blessés, la Mission des Nations unies au Liberia (Minul) a déployé 15 000 soldats à Monrovia et ses environs depuis le 29 octobre. Ironie du sort, le 31 devait marquer la fin du désarmement volontaire des différentes factions dans le pays. Or, malgré une prime d’intéressement de 300 dollars par personne, les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) lancées en décembre 2003 n’ont recensé que 26000 armes à peine 10 % de l’estimation de l’arsenal en circulation dans le pays , et seuls 93000 anciens combattants ont suivi les programmes de formation de la Minul. De nombreux facteurs le fait que chaque combattant dispose de trois armes en moyenne, la porosité des frontières du pays avec la Côte d’Ivoire, plongée dans une crise militaro-politique, et avec la Guinée-Conakry, les antagonismes entre les différents chefs au sein du Front des Libériens unis (Lurd, principal mouvement armé) entravent la DDR et constituent un véritable casse-tête pour la Minul et le Comité international de suivi
(CIS). L’actuel climat d’instabilité contrarie le bon déroulement du rapatriement de quelque 340000 réfugiés libériens et d’une dizaine de milliers de déplacés prévu pour le 1er novembre. Néanmoins, la Minul ne baisse pas les bras et entend poursuivre les opérations de DDR dans certaines campagnes reculées où les retardataires pourraient rejoindre les unités mobiles prévues à cet effet. Des chefs de guerre ont été mis aux
arrêts, mais est-ce suffisant pour garantir un retour à la paix? Comment récupérer les armes dissimulées par les ex-combattants dans les pays frontaliers ? Comment arriver au terme de la transition négociée à Accra il y a quinze mois et sortir le pays de plus d’une décennie d’instabilité ? Autant de questions qui demeurent sans réponses, dans un contexte aggravé par la pénurie de nourriture, d’eau, d’électricité et par l’exaspération de la population, qui doit faire face au chômage ainsi qu’à une inflation galopante. Mais, pour le CIS et la Minul, le calendrier électoral d’octobre 2005 reste « intangible ».

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