« Monsieur Alabama »

Publié le 9 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Lorsqu’il a annoncé, il y a à peine un an, son intention de briguer un mandat national, nul, en dehors peut-être de ses proches, ne lui donnait la moindre chance. Il n’avait pas un rond, pas un appareil politique derrière lui, en dépit de ses amitiés démocrates. Et, pour ne rien arranger, il avait un nom imprononçable, du moins pour certains de ses concitoyens qui l’appellent, aujourd’hui encore, « Monsieur Alabama » ou « Monsieur Yo Mama ». Malgré ces « handicaps » de départ, Barack Obama, 43 ans, a été élu, le 2 novembre, au Sénat des États-Unis d’Amérique, où il représentera désormais l’Illinois. Unique Africain-Américain de la Chambre haute du Congrès depuis la défaite électorale de Carol Mosley Braun, en 1998, il est également le cinquième sénateur noir de toute l’histoire des États-Unis et le seul dont le père soit… subsaharien.
Quarante ans après le vote des lois civiques du président Lyndon B. Johnson, le parcours politique de ce jeune avocat est une belle illustration de ce que le pays de l’Oncle Sam, généralement accablé de tous les maux, peut produire de merveilleux. Inconnu hier, sauf de ses administrés de la 13e circonscription de Chicago qu’il représentait jusque-là au sénat (local) de l’État de l’Illinois, Barack Obama est rapidement devenu la coqueluche de l’Amérique « libérale » – comprendre de gauche -, une star dont la seule apparition provoque attroupements et demandes d’autographes.
Beau – comme le proclamait naguère le fameux slogan Black is Beautiful -, grand, marié à Michelle, diplômée de Princeton et directrice de l’un des hôpitaux de Chicago, avec qui il a deux petites filles, il a fait des études de sciences politiques et de relations internationales à l’université Columbia, à New York, puis à Harvard, dont il a, un moment, dirigé la célèbre revue de droit, The Harvard Law Review.
Fruit de l’amour estudiantin entre un jeune Kényan et une Blanche du Kansas, tous deux aujourd’hui décédés, Obama a été élevé à Hawaii, où ses parents s’étaient connus. Opposé à la peine de mort, impliqué dans la lutte contre le sida et le chômage dans les quartiers pauvres de Chicago, passionné de politique étrangère, ouvert aux autres cultures, il fait aujourd’hui la fierté des Kényans et, au-delà, de beaucoup d’Africains. Notamment, parce que, tout célèbre qu’il soit, il n’en oublie pas d’où il vient. À méditer.

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