Le salut par la relance

Retour de la croissance et réduction de la dette, l’économie retrouve des couleurs.

Publié le 9 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Le Niger revient de loin. Les années 1990 ont été marquées par une sécheresse persistante, une dégradation des termes de l’échange, des perturbations sociales et une grave instabilité politique celle-ci atteignant son paroxysme en avril 1999 avec l’assassinat du président Ibrahim Maïnassara Baré. Cet épisode sanglant provoqua l’interruption de l’assistance technique du Fonds monétaire international (FMI) et de la
Banque mondiale. Une véritable catastrophe pour ce pays encore marqué par la dévaluation de 1994 du franc CFA, handicapé par une inflation dépassant 40 %, et dont le déficit du
compte courant extérieur représentait 14 % du Produit intérieur brut (PIB). À l’issue du scrutin de décembre 1999, les institutions financières internationales entreprennent de rétablir des relations normales avec les autorités nouvellement élues pour définir un
nouveau programme de réformes économiques. La trésorerie du Niger est alors dans un état catastrophique. Les caisses de l’État contiennent moins de 1 million de dollars en liquide. Les finances publiques sont minées par un endettement abyssal. Sur la base des
engagements électoraux du président Tandja, un programme de lutte contre la pauvreté est lancé. Des mesures drastiques sont adoptées dans le domaine budgétaire. Le 14 décembre 2000, le FMI approuve un accord triennal au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) de 76 millions de dollars. L’exécution de ce programme 2001-2003 a été jugée satisfaisante. Le secteur agricole a enregistré une croissance soutenue. L’amélioration de la situation des finances publiques a permis de réduire de moitié le déficit budgétaire. L’accroissement des investissements publics a contribué à relancer l’activité. Pour le seul secteur des infrastructures routières, plus de 75 milliards de F CFA ont été mobilisés. Désormais, Niamey est relié par des routes bitumées à la frontière du Burkina, au sud-ouest, à celles du Mali vers l’ouest, et à celle, plus lointaine, du Tchad, à l’est.
En matière de réformes structurelles, le bilan est plus contrasté. Le processus de privatisations a connu de nombreux couacs, mais aussi certaines réussites. La Société nigérienne des télécommunications (Sonitel) a été cédée à hauteur de 51 % de son capital
et la libéralisation du secteur s’est poursuivie par l’attribution, en novembre 2000, de deux licences de téléphonie mobile aux opérateurs Telecel et Celtel. Ce dernier a entamé la commercialisation de ses produits en octobre 2001 et compte plus de 30 000 abonnés. Telecel n’a achevé ses installations qu’à la fin de 2003. Troisième opérateur sur ce marché, Sahel Com, filiale de la Sonitel, a démarré ses activités en août 2003 et comptait près de 25 000 abonnés au 30 mars 2004.
En juin 2001, un contrat d’affermage d’une durée de dix ans a été signé entre l’État et le français Vivendi pour la production et la distribution d’eau potable dans les centres urbains précédemment gérés par la Société nationale des eaux. Constituée à cette occasion, la Société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN) est détenue à 51 % par
Vivendi rebaptisé depuis Veolia , associé à des privés nigériens (34 %), au personnel de la SEEN (10 %) et à l’État (5 %). Ces succès en matière de privatisation ont montré une nette amélioration de la transparence des transactions, avec l’entrée en vigueur, en 2002, d’un nouveau code des marchés publics.
Toutefois, la cession de la compagnie d’électricité Nigelec s’est révélée plus difficile en raison, notamment, de l’importance des financements requis pour la mise à niveau de l’entreprise. Résultat : peu de soumissionnaires. La Banque mondiale a fini par accepter
une reprise du dossier de pré-qualification sur la base de critères moins restrictifs. Le secteur énergétique a connu un autre échec avec les reports incessants de la privatisation de la Sonidep (Société nigérienne des produits pétroliers). L’ouverture des plis pour la cession de la majorité du capital de l’entreprise est intervenue le 21 janvier. Trois opérateurs avaient alors soumissionné : le français Total, le libyen Tamoil
et le Groupement nigérien des distributeurs de produits pétroliers (GNDPP). Mais ce processus est toujours dans l’impasse, les offres reçues ayant été jugées insuffisantes. Outre les privatisations, certains domaines ont connu des performances mitigées. C’est le cas pour la lutte contre la pauvreté, la réforme de la fonction publique ou celle du secteur financier. Sans oublier les pertes d’emplois liées à la restructuration des entreprises. Malgré ces échecs, les partenaires financiers du pays s’apprêtent à engager
un nouveau plan triennal pour la période 2005-2007.

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