La réconciliation selon Boutef

Publié le 9 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

La célébration du cinquantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération a connu des moments très forts. Il y a eu d’abord ce discours-fleuve du président Bouteflika, le 31 octobre, au palais des Nations, durant lequel il a utilisé, pour la première fois, la formule d’« amnistie générale ». Sans en définir les contours exacts, il a assuré que la réconciliation nationale à laquelle il tenait tant serait décidée par le peuple, par voie référendaire. « Une large victoire électorale, avait-il affirmé en substance, ne me confère pas plus de prérogatives que celles que m’attribue la Constitution. Oui, je suis pour une amnistie générale, mais c’est le peuple qui en décidera ! »
Autre moment fort, la soirée artistique, à la coupole Mohamed-Boudiaf, sur les hauteurs d’Alger. Quand Bouteflika, accompagné d’Ahmed Ben Bella, monte sur scène pour décorer Warda el-Djazaïriya, la grande diva algérienne, l’émotion est à son comble. Le lendemain, sous le regard médusé des téléspectateurs algériens, un autre ancien président refait surface : Chadli Bendjedid. Sa dernière apparition télévisée remonte au 11 janvier 1992, jour de sa démission. Lui et Ben Bella sont les hôtes de Bouteflika, qui les a invités au F’tour. L’image est très forte. À droite de Boutef, Ben Bella, renversé par l’armée le 19 juin 1965, le jour où il avait décidé de se séparer de son ministre des Affaires étrangères, un certain Abdelaziz Bouteflika. À sa gauche, Chadli Bendjedid, qui l’avait écarté de la succession du président Houari Boumedienne. Le début du règne de Chadli avait été marqué par une chasse aux sorcières dont Bouteflika a été l’une des victimes les plus « prestigieuses ». La réconciliation selon Boutef prend les allures de grand pardon.

Plus tard dans la soirée, le président recevra les voeux des personnalités politiques de tous bords. L’ancien chef d’état-major Mohamed Lamari, en civil et, semble- t-il, en excellente forme, converse avec le chef de l’État : « Attention, si tu n’es plus malade, tu reprends du service ! » plaisante ce dernier. Étaient également présents les chefs de l’opposition parlementaire, Louisa Hanoune, du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), et l’islamiste Abdallah Djaballah, ainsi que le très souriant Ahmed Benbitour. L’ancien Premier ministre de Boutef avait claqué la porte de l’exécutif en août 2000. On aura aussi noté la présence d’Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN, qui, la veille encore, pourfendait le régime dans une conférence à Aïn Benian, aux côtés de Mouloud Hamrouche, ancien chef de gouvernement de Bendjedid, et de Hocine Aït Ahmed, chef du Front des forces socialistes (FFS), deux opposants au chef de l’État. La réconciliation selon Boutef ? Faire table rase du passé pour préparer la génération de novembre à mieux transmettre le témoin à la génération de l’indépendance.

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