L’affaire de tous

Publié le 10 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Indubitablement, le Niger revient de loin. Après une décennie pour le moins troublée, le pays connaît depuis cinq ans une nouvelle ère qui, par opposition aux expériences précédentes, peut être qualifiée de « démocratique ». Malgré toutes les imperfections que cela suppose. Certes, plusieurs journalistes ont connu les rigueurs de l’emprisonnement. Certes, quelques militaires ont bien été tentés de sortir de leurs casernes pour faire de nouveau intrusion dans le champ politique. Certes, la gestion des affaires de la nation, parfois empreinte de vieux réflexes autoritaires, n’est pas exempte de critiques. Mais le mandat qui s’achève marque incontestablement l’adoption de pratiques plus conformes aux canons de l’État de droit. Signe que l’évolution initiée avec la Conférence nationale au début des années 1990 commence à porter ses fruits.
Pourtant, la campagne électorale, pour ouverte qu’elle soit, n’est pas sans rappeler l’époque où la politique était plus une affaire d’ambition que de convictions. Une période où la multiplication des coups bas risquait à tout moment de détériorer le fragile équilibre politique laborieusement échafaudé au sommet de l’État. D’ailleurs, les six hommes aujourd’hui en lice ne sont-ils pas eux-mêmes issus de cette période troublée ? Il suffit d’examiner le parcours de chacun des prétendants pour s’en rendre compte.

Candidat du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP), Hamid Algabid fut nommé chef du gouvernement en novembre 1983, sous la présidence de Seyni Kountché. Autre personnalité connue, Adamou Moumouni Djermakoye fut maintes fois ministre au cours des trente dernières années. Ancien chef de l’État de 1993 à 1996, Mahamane Ousmane fait lui aussi figure de vieux routier de la politique nigérienne. Et son ancien compagnon au sein de la CDS, Adamou Cheiffou, occupa le fauteuil de Premier ministre lorsque, en 1991, les délégués de la Conférence nationale le désignèrent à ce poste. Principal opposant du régime actuel, Mahamadou Issoufou affiche des états de service tout aussi éloquents : ex-président de l’Assemblée nationale, il fit un bref passage à la primature sous la présidence d’Ousmane. Quant à Mamadou Tandja, il fut ministre de l’Intérieur de Seyni Kountché avant de se consacrer au sauvetage du parti unique, le Mouvement nigérien pour la société de développement (MNSD), pour finalement accéder à la magistrature suprême en 1999.
Bref, les présidentiables ne sont pas des nouveaux venus dans l’arène. Et pour un observateur extérieur, la classe politique nigérienne ressemble plus à une amicale d’anciens combattants qu’à une pépinière de jeunes talents. Si cette élection présidentielle devait se jouer comme une énième partie de chaises musicales entre leaders politiques nationaux, le peuple, qui ne veut plus se voir cantonné dans un rôle de spectateur passif, pourrait être amené à leur demander des comptes. C’est pourquoi il semble plus nécessaire que jamais d’ouvrir le débat politique aux jeunes, aux femmes, aux entrepreneurs, aux syndicalistes, à la société civile à tous ceux qui, par le rôle actif qu’ils jouent dans le développement de leur pays, méritent d’apporter leur contribution à l’édification de la démocratie nigérienne.

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