De plus en plus d’impôts

Malgré le triomphe des thèses libérales, les prélèvements obligatoires sont passés de 25,8 % du PIB en 1965 à 36,3 % en 2003.

Publié le 10 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le credo libéral serait-il battu en brèche ? Après deux années de baisse continue, une majorité des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a stabilisé, voire augmenté ses impôts.
C’est le principal enseignement d’un rapport de l’OCDE publié le 20 octobre (*) et qui retrace l’évolution de la pression fiscale sur une quarantaine d’années. Avec une progression constante et régulière, les prélèvements obligatoires sont passés de 25,8 % du Produit intérieur brut (PIB) en 1965, à 36,3 % en 2003. Qu’il s’agisse de l’impôt sur le revenu, des taxes à la consommation ou bien encore des cotisations sociales, un consensus a accompagné cette fiscalisation de l’économie.
Mais avec la victoire des théories libérales, ce consensus autour de l’impôt a été remis en question dès les années 1980. Progressivement, les États ont fait le choix de la modération, quitte à laisser filer les déficits dans l’espoir de redonner du souffle à leur économie et de créer des emplois. L’année 2000 a marqué une rupture. Pour la première fois, le ratio impôt/PIB a baissé au sein de l’OCDE. Depuis, la situation est plus contrastée et doit être étudiée au cas par cas.
Certains pays maintiennent une fiscalité douce. C’est le cas des États-Unis, avec des prélèvements en recul de 4,5 points sous l’administration Bush. Conséquence : en 2004, Washington présente un déficit record (413 milliards de dollars), imputable d’abord à la guerre en Irak, mais aussi aux baisses d’impôts réservées aux classes aisées.
D’autres pays ont fait le choix contraire. La part des recettes fiscales a augmenté dans 13 des 30 États membres de l’OCDE, dont le Mexique, la Corée du Sud, l’Allemagne, la Turquie, l’Espagne et la France.
Dans les pays en développement, il suffit de regarder les chiffres pour s’apercevoir que le problème est bien différent : en Afrique, hormis les pays du Maghreb et l’Afrique du Sud, où les moyennes suivent celles de l’OCDE, la pression fiscale oscille, selon la Banque mondiale, entre 10 % et 20 % du PIB seulement. Ces statistiques confirment l’étroitesse des marges de manuvre budgétaires et les difficultés rencontrées pour convaincre les contribuables de l’utilité de l’impôt. Mais les mentalités ne sont pas seules en cause : l’économie informelle, qui emploie entre 40 % et 60 % de la main-d’uvre urbaine, la pauvreté, le faible niveau des revenus et les fraudes fiscales en tout genre sont autant de pertes pour le percepteur.

* Statistiques des recettes publiques 1965-2003. Édition 2004 OCDE, 316 pages, 90 euros.

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