Cinq ans après

Publié le 8 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Cinq ans sans coup d’État ni heurt politique majeur. Ce qui, pour la plupart des pays, n’a rien que de très normal, passe pour une belle réussite au Niger. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler à grands traits les événements qui ont précédé l’élection, le 24 novembre 1999, de Mamadou Tandja à la présidence de la République.
En juillet 1991, après dix-sept ans de pouvoir militaire, à l’issue d’un puissant mouvement en faveur du multipartisme et sur fond de rébellion touarègue dans le nord du pays, s’ouvrait la Conférence nationale qui allait aboutir, en décembre 1992, à l’adoption d’une nouvelle Constitution. En mars 1993, Mahamane Ousmane (actuel président de l’Assemblée nationale) était élu président de la République. La poursuite de la rébellion fragilisait le nouveau régime, tandis que la victoire de l’opposition aux législatives de janvier 1995 ouvrait la voie à une période d’instabilité gouvernementale. Prenant prétexte des dissensions à la tête de l’État, une junte militaire dirigée par le chef d’état-major des armées, le colonel Ibrahim Maïnassara Baré, s’emparait du pouvoir. Après s’être fait élire à la présidence de la République en juillet 1996, « IBM » était sauvagement assassiné en avril 1999 par des éléments de sa garde, leur chef, Daouda Mallam Wanké, prenant la tête de l’État. Un peu plus de six mois plus tard, non sans s’être autoamnistiés, les militaires rendaient le pouvoir aux civils en permettant la tenue d’élections transparentes.

Tous les observateurs avaient salué, à l’époque, le caractère démocratique de cette consultation : dès l’annonce du résultat, le candidat battu au second tour, Mahamadou Issoufou, actuel leader de l’opposition, avait admis avec panache sa défaite, souhaitant bonne chance à son adversaire et signant par là un retour inespéré à un débat politique apaisé.
Cette renaissance démocratique a-t-elle résolu tous les problèmes ? Certes non. Avec un revenu annuel par habitant de 214 dollars, une espérance de vie à la naissance de 46 ans, un taux d’alphabétisation d’à peine plus de 17 %, le Niger est classé au 176e rang sur 177 selon l’indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement. Un autre chiffre, celui de la fécondité, donne la mesure du retard du pays sur le plan économique et social : avec quelque 8 enfants par femme, le Niger enregistre la plus forte natalité au monde.
Le tableau est loin d’être brillant, mais le pays a au moins gagné une bataille : celle de la stabilité politique. Comme si le ciel lui accordait sa bénédiction, celle-ci s’est accompagnée d’une pluviosité favorable, qui a permis à l’agriculture de connaître une croissance soutenue au cours des dernières années. Bien que décriée par l’opposition, la gestion gouvernementale affiche un bilan honorable. Le déficit budgétaire a été réduit de moitié tandis que l’investissement public, notamment en faveur des infrastructures routières, a contribué à relancer un tant soit peu l’activité économique.

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Personne n’ose imaginer que les élections à venir pourraient remettre en question ce redressement. Tirant les leçons des errements du passé, la classe politique, malgré des empoignades musclées et des déchirements partisans chroniques, semble avoir pris conscience du seul vrai enjeu : le développement. Dans cette région du Sahel parmi les plus défavorisées au monde, les Nigériens apparaissent comme des pauvres parmi les plus pauvres. Leurs voisins tchadiens, maliens et burkinabè ont obtenu des résultats plus qu’encourageants dans la culture du coton. Le Tchad est désormais producteur de pétrole, et le Mali devrait lui emboîter le pas d’ici peu. À part le bétail, hélas difficilement exportable, et l’uranium, dont la demande mondiale a chuté au cours des dernières décennies, le Niger n’a pas grand-chose à vendre à l’extérieur. On ne voit pas comment le tourisme, malgré les splendeurs sahariennes de l’Aïr et du Ténéré, pourrait devenir une source importante de revenus dans un pays ignoré des flux de transports internationaux et disposant d’une infrastructure hôtelière des plus rudimentaires.
C’est pourquoi il est plus important que jamais que les Nigériens se serrent les coudes et mettent les bouchées doubles pour mettre en valeur les maigres ressources dont les a dotés la nature.

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