Cheikh Zayed Ibn Sultan al-Nahyane

Le président des Émirats arabes unis est décédé le 2 novembre

Publié le 9 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Mardi 2 novembre. La planète vit à l’heure américaine : le scrutin qui doit désigner le prochain locataire de la Maison Blanche accapare l’attention de l’opinion mondiale. Les habitants d’Abou Dhabi, eux, ont un autre sujet de préoccupation. Cheikh Zayed Ibn Sultan al-Nahyane, président des Émirats arabes unis (EAU), lutte contre la mort depuis quelques semaines. Ce jour-là, le fondateur de la fédération rend son dernier soupir. La nouvelle se répand telle une traînée de poudre. L’Arabie saoudite, le Bahreïn et la Jordanie décrètent un deuil de trois jours, suivis par l’Algérie, qui suspend toutes les festivités prévues à l’occasion du cinquantenaire de sa révolution.

Les funérailles de l’émir, le 3 novembre, réuniront une belle brochette de chefs d’État arabes et musulmans, de l’Afghan Hamid Karzaï au Syrien Bachar al-Assad, en passant par le Pakistanais Pervez Musharraf. À l’occasion des obsèques, on remarquera un aparté entre le prince héritier du Maroc, Moulay Rachid, et le chef de l’État algérien Abdelaziz Bouteflika, ou encore les nombreuses accolades données par Seif al-Islam Kadhafi aux émirs du Golfe, pour tenter de faire oublier les accusations de complot d’assassinat du prince héritier saoudien, l’émir Abdallah Ibn Abdelaziz, qui pèsent sur son « Guide » de
père. On notera même la présence furtive d’Iyad Allaoui, Premier ministre irakien, si controversé depuis qu’il a assumé la responsabilité des bombardements quotidiens sur
Fallouja la sunnite.
Pourquoi la disparition de Zayed Ibn Sultan al-Nahyane a-t-elle mobilisé tant de
personnalités ? L’explication tient au parcours du défunt, à sa réputation de sagesse
et à la réussite de son modèle de développement qui a fait des EAU le pays le plus tolérant, le plus moderne du golfe Arabo-Persique.
Cheikh Zayed est né à el-Aïn, dans la principauté d’Abou Dhabi, en 1918. Quatrième fils de Khalifa al-Nahyane, il succède, le 9 août 1966, à son grand frère Chakhbout à la tête de l’émirat d’Abou Dhabi, encore sous protectorat britannique. En 1968, Londres annonce le retrait de ses troupes du Golfe. Zayed met deux ans pour convaincre ses pairs de la région de la nécessité de se fédérer. Outre Abou Dhabi, cinq émirats adhèrent à l’union :
Ajman, Dubaï, Foujayrah, Charjah et Oum el-Qawin. Cheikh Zayed est élu président de la fédération à laquelle se joint, deux mois plus tard, Ras el-Khaïma.

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Depuis lors, le défunt consacre toute son énergie à former un État moderne et à consolider l’union des émirats. Première mesure : l’accès des filles à l’école, une vraie révolution dans l’une des régions les plus conservatrices de la planète. La gestion des ressources est intelligente et le partage des tâches ainsi que du gâteau pétrolier (Abou
Dhabi produit 90 % des 2,5 millions de barils de pétrole qu’exportent les EAU quotidiennement) se fait dans l’équité. À Dubaï échoit le développement des services et
de la zone franche, Charjah abrite la plate-forme de la compagnie aérienne Emirates et Ajman hérite de l’audiovisuel avec la réalisation de la plus grande Cinecitta arabe.
Sur le plan diplomatique, Cheikh Zayed se distinguait par une grande modération. C’est ainsi qu’il a toujours préféré une solution pacifique au problème de l’occupation, par l’Iran, de trois îles (Grande et Petite Tomb ainsi qu’Abou Moussa) faisant partie du territoire de la fédération. Si la prospérité qui règne sur les sept composantes des EAU tient aux richesses pétrolières d’Abou Dhabi, la bonne gouvernance et la vision de Zayed n’y sont pas totalement étrangères. Seule ombre sur une carrière exemplaire de dirigeant éclairé : le scandale financier de la Banque de crédit et de commerce internationale (BCCI). En 1991, la faillite de cet établissement, dont Zayed était le plus gros actionnaire, a éclaboussé son image. Mais l’enquête disculpera très vite le président des EAU qui laissera beaucoup d’argent dans cette affaire de banqueroute frauduleuse.
Son fils aîné, Khalifa Ibn Zayed, lui a succédé, le jour même de son inhumation, le 3 novembre.

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