Mali-Russie : la livraison d’hélicoptères qui ravive la polémique Wagner

Officiellement, elle n’a pas de lien avec les négociations présumées du Mali avec le groupe Wagner en vue du déploiement de mercenaires dans le pays. Mais la livraison par Moscou de quatre hélicoptères à Bamako ne va pas apaiser les tensions avec Paris.

 © Damien Glez

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Publié le 5 octobre 2021 Lecture : 3 minutes.

Tout pourrait paraître très limpide dans le plus simple des mondes diplomatiques. La France, officiellement présente militairement au Mali sur demande de l’État sahélien, est légitime à envisager l’interruption partielle ou complète de son intervention sans être accusée d’« abandon en plein vol ». De même, l’État malien, qui se présente aujourd’hui comme dégagé des sempiternels arrangements politiciens, est aussi légitime à indiquer poliment la sortie aux treillis français qu’à négocier une collaboration militaire accrue.

De même, la France, dont les chemins de traverse extra-hexagonaux sont soumis à la validation d’une représentation nationale issue des urnes, est légitime à exprimer une gêne à composer avec une junte, voire une incompatibilité d’exercice avec quelque mercenariat que ce soit. De même, le Mali souverain et assailli, quel que soit le caractère accidenté de son parcours démocratique actuel, est légitime à faire appel à des agents de sécurité privés…

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Jeux de dupes

Dans ce jeu d’échecs aux règles officiellement définies, le positionnement des pièces de chacun devrait éclaircir l’issue courtoise de la partie. À condition d’être sûr de l’identité exacte des joueurs qui se font face. Or, la simplicité enfantine de ce schéma théorique est traversée par des intérêts de multiples natures, des messages diplomatiques en creux, des faux-semblants entre acteurs privés et publics, des jeux de dupes et un populisme qu’un XXIe siècle présumé rationnel ne cesse de porter aux nues.

Alors que se prépare un sommet Afrique-France sans chef d’État africain et que, sur le continent, le Premier ministre centrafricain affirme qu’il n’existe « nulle part » un contrat entre son pays « et une société de sécurité privée russe », le ministre malien de la Défense a réceptionné, le 30 septembre dernier, quatre hélicoptères Mi-171 fournis par la Fédération de Russie, ainsi que des armes et des munitions. Antichambre d’un déploiement du groupe paramilitaire Wagner qui serait synonyme de mépris à l’égard des Européens occidentaux ? Rapprochement inopiné avec les autorités de Moscou ?

Nul doute que le sommet Russie-Afrique fera, lui, la part belle aux chefs d’États africains, élus ou pas…

Guerre froide en Afrique ?

Ni recours au privé, ni précipitation, répond le colonel Sadio Camara, qui précise que la livraison du nouveau matériel russe s’inscrit dans le cadre d’un accord de coopération militaire public-public signé en 2019. Les quatre hélicoptères neufs auraient été payés par « le budget national » malien et les armes et munitions seraient offertes par une Russie « fiable », « sérieuse » et « rapide ». Des livraisons qui, selon les observateurs spécialisés dans les questions sécuritaires, devraient permettre à des sociétés russes de bénéficier de contrats de mise en condition opérationnelle et de maintenance.

La fourniture de matériels comme prologue de services après-vente privés est une pratique partagée par de nombreux pays, parmi lesquels les détracteurs de Moscou. Mais plus que des deals « gagnants-gagnants » d’États VRP, les grognons pointent un risque de résurrection de la guerre froide sur le terrain africain. Un terrain où l’URSS de l’époque, qui n’y eut aucune colonie, appuya certains mouvements de libération.

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Wagner, pas Wagner ? Barkhane, plus Barkhane ? Plus ou moins enlisées dans le sable sahélien, les pièces de l’échiquier malien devraient s’estomper ou émerger – c’est selon – à l’horizon 2022, sans doute plus vite que le calendrier électoral. Et nul doute que le prochain sommet Russie-Afrique fera, lui, la part belle aux chefs d’États du continent, élus ou pas…

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