Ali Lamine Zeine

Ministre de l’Économie et des Finances

Publié le 8 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Ancien directeur de cabinet du président Mamadou Tandja, Ali Lamine Zeine a succédé à Ali Badjo Gamatié en octobre 2003 à la tête du ministère de l’Économie et des Finances. Un an après s’être vu confier ce portefeuille, le grand argentier d’un des pays les plus pauvres de la planète ne cache pas son optimisme pour l’avenir économique du Niger.

Jeune Afrique/l’intelligent : Dans quel état se trouve l’économie du Niger à la fin du mandat du président Mamadou Tandja ?
Ali Lamine Zeine : Pour mieux apprécier ce qui a été accompli au cours des cinq dernières années, il faut se souvenir de la situation que connaissait le Niger à la fin de l’année 1999, au moment de l’investiture du président de la République : une trésorerie précaire avec moins de 1 million de dollars dans les caisses de l’État, une situation sociale explosive avec douze mois d’arriérés de salaires dans la fonction publique et une rupture du dialogue avec les institutions de Bretton Woods et la communauté financière internationale. Le tout accompagné d’une dette colossale. Le retour à la pratique démocratique a permis de renouer le contact avec le FMI et la Banque mondiale. La crise sociale a été contenue grâce à l’apurement des arriérés de salaires. Le fonctionnaire nigérien a perçu quatorze mois de salaire par an, ce qui nous a permis de réduire les arriérés à deux mois.

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J.A.I. : Quels sont les résultats de la reprise de la coopération avec ces institutions financières ?
A.L.Z. : En premier lieu, le programme appuyé par le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) a permis à notre pays d’être éligible à l’initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE). Durant une période intérimaire de quarante mois, nous avons pu avoir accès à des financements extérieurs. Le pragmatisme dont nous avons fait preuve a été apprécié par les bailleurs de fonds. Nous avons atteint, en avril 2004, le point d’achèvement de l’initiative PPTE qui s’est traduit par un allégement de la dette de 1,25 milliard de dollars. Un mois plus tard, nous avons entamé des discussions au sein du Club de Paris, pour négocier avec nos cinq grands créanciers bilatéraux : la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Espagne et le Japon. Nous avons réussi à obtenir des résultats au-delà de nos attentes, ces pays ayant annulé près de 95 % de leurs créances. Après cela, nous avons entamé, avec le même succès, des pourparlers avec les créanciers non membres du Club de Paris : l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Algérie et la Libye. Après six revues du FMI, toutes concluantes, notre objectif est de montrer que nous pouvons non seulement lutter contre la pauvreté, mais aussi soutenir la croissance.

J.A.I. : Comment comptez-vous convaincre vos interlocuteurs ?
A.L.Z. : En identifiant les sources de croissance de notre économie. L’agriculture contribue à hauteur de 40 % à la formation de notre PIB. Il s’agit donc de renforcer ce secteur tout en diversifiant les sources de richesses. C’est notamment le cas avec le développement spectaculaire de la filière coton. Notre production était insignifiante avec 4 000 tonnes par an. En 2004, elle devrait battre des records, avec tout ce que cela suppose comme infrastructures industrielles pour la transformation du coton. Autre source de croissance : l’élevage. La valeur de notre cheptel avoisine les 400 milliards de francs CFA. Nous avons donc élaboré un programme d’investissements pour encourager les exportations de bétail qui vient de bénéficier d’un certificat de bonne santé animale. Le début de l’exploitation aurifère et les résultats encourageants de la prospection pétrolière constituent d’autres raisons d’espérer.

J.A.I. : Quel type d’accord avez-vous négocié avec le FMI ces dernières semaines ?
A.L.Z. : Sur la base d’un document de stratégie de réduction de la pauvreté, nous avons soumis des objectifs et des projets de réformes qui seront discutés lors des conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale. Ce programme triennal permettra de financer notre programme d’investissements. C’est une très bonne nouvelle pour le prochain ministre des Finances.

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