Tabu Ley

Musicien congolais

Publié le 9 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

Le mois de février 2007 n’a pas porté bonheur à Pascal Tabu Ley, le dernier géant de la scène musicale congolaise. Cet homme de 67 ans, qui fait vibrer les curs des mélomanes africains depuis près d’un demi-siècle, venait d’être élu député à l’Assemblée provinciale de Kinshasa, la capitale. Mais son mandat a été invalidé par les instances judiciaires kinoises. Une cruelle désillusion pour celui qu’on appelle aussi Seigneur Rochereau.
Les années 1950 sont marquées au Congo belge par une effervescence musicale sans précédent. Privés de libertés politiques, les Congolais puisent dans la musique la force qui leur permet de rester debout. Autodidactes surdoués, les musiciens apportent le rêve, l’espoir et la joie de vivre. Parmi les valeurs sûres de cette période, on trouve Franco Luambo, qui dirige l’OK Jazz, et Joseph Kabasele, dit Kallé, le leader de l’African Jazz.
Cette effervescence marque un jeune homme né à Bagata (Ouest) en 1940 : Pascal Tabu, qui deviendra Tabu Ley au moment de l’« authenticité » zaïroise, au début des années 1970. Ses parents s’installent à Léopoldville (futur Kinshasa). Doté d’une des plus belles voix de son école, il en intègre la chorale. Après ses études du cycle secondaire moyen, il devient aide-comptable. Mais la musique le passionne ; le jeune Pascal écrit des textes qu’il cède à l’une de ses idoles, Joseph Kabasele.

Un jour, l’aide-comptable décide de faire de la musique son gagne-pain. Nous sommes en 1959. Il se retrouve aux côtés de Kabasele, dans l’African Jazz. Une des carrières les plus réussies du continent africain commence. Pascal Tabu connaît une ascension fulgurante : dès 1966, il devient son propre patron et dirige l’African Fiesta National, futur Afrisa International. Avec ce groupe, au terme d’un concours, il va représenter son pays à l’Exposition universelle de Montréal (Canada), en 1967. Trois ans plus tard, en 1970, il est le premier chanteur africain à se produire à l’Olympia, le célèbre music-hall parisien. Partout, il reçoit un accueil triomphal.
C’est la consécration pour cet artiste dont l’originalité, la créativité, les recherches rythmiques et chorégraphiques, le jeu de scène et l’intelligence des textes n’ont laissé personne indifférent. Une école à lui tout seul. Sa réussite est également matérielle, grâce à de nombreuses affaires, même s’il traîne la réputation d’avoir été un piètre gestionnaire. En tout cas, il dépense sans compter, croyant toujours en sa bonne étoile.

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Tabu Ley n’a qu’un rival sur l’échiquier musical zaïrois : Luambo Makiadi, le chef de l’OK Jazz. Ardents hérauts de l’action politique du maréchal Mobutu Sese Seko, les deux piliers de la chanson en profitent largement. Mais, vers la fin des années 1980, Tabu Ley se retrouve à l’étranger. Exil ? Oui, selon lui, pour s’opposer au régime. Il vit successivement aux États-Unis, en Belgique et en France, où le statut de réfugié politique lui est refusé. Les dures réalités de l’exil contribuent au déclin de la carrière de cet artiste qui a composé et chanté des centaines de titres et que les « ambianceurs » kinois allaient retrouver tous les soirs au Type K, la boîte qu’il avait fait construire dans un quartier populaire de la capitale.
Rentré à Kinshasa après la chute de Mobutu, Tabu Ley se retrouve dans les bonnes grâces du nouveau pouvoir. Nommé député à l’Assemblée consultative, il adhère plus tard au Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Cela lui permet d’être nommé vice-gouverneur de Kinshasa pendant la transition. Puis viennent son élection à l’Assemblée provinciale de Kinshasa en février dernier, et son invalidation, qui l’aurait, selon un témoin, considérablement affecté

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