L’onchocercose fait de la résistance

Publié le 9 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

La « cécité des rivières », encore appelée onchocercose, n’a pas dit son dernier mot. Une impressionnante campagne de lutte menée en Afrique depuis plus de trente ans devait pouvoir aboutir en ce début de siècle sinon à l’éradication, du moins à une baisse appréciable du nombre des malades. Mais la résistance du parasite, de plus en plus souvent signalée, au seul et unique médicament efficace pour la soigner, l’ivermectine, pourrait bien tout remettre en question.

Cette maladie infectieuse, seconde cause mondiale de cécité après le trachome, est due à un ver, une filaire plus précisément, Onchocerca volvulus, transmise aux humains par la piqûre d’un moucheron, la simulie. La filaire peut survivre plus de dix ans dans des nodules sous-cutanés du patient et libérer des milliers de microfilaires non seulement causes de démangeaisons intenses dans tout le corps, mais aussi de cécité infectieuse.
Au cours des années 1970 et 1980, le recours aux pesticides contre le vecteur était la seule politique de lutte contre la maladie. En détruisant les larves de l’insecte aux abords des cours d’eau, on coupait la transmission du parasite à l’humain. En 1987, l’arrivée de l’ivermectine allait modifier la donne. L’effet de ce vieux médicament vétérinaire sur les parasites de l’onchocercose humaine était inespéré. Très efficace, il est aussi facile d’emploi : un traitement donné à raison d’une dose par an, n’occasionnant que des effets secondaires mineurs. Dès 1988, le laboratoire pharmaceutique Merck mettait en place un programme de donation, étant entendu avec l’Organisation mondiale de la santé que le produit serait fourni gratuitement aussi longtemps que nécessaire. Fin 2005, quarante millions de personnes avaient été traitées en Afrique, le programme prévoyant d’atteindre au total 90 millions de personnes par an, dans 19 pays africains. Il s’agit d’empêcher l’apparition de 43 000 cas de cécité chaque année.

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Malheureusement, des travaux publiés dans The Lancet à la fin d’août par le parasitologue Roger Prichard, suite à une étude au Cameroun, révèlent que l’ivermectine est à l’origine de changements génétiques chez le parasite entraînant sa résistance à ce médicament. Le chercheur tempère : l’ivermectine n’est pas à la veille de devenir complètement inefficace, mais pourquoi attendre ? Il existe des solutions de rechange telles que la chirurgie et les arrosages. Sans oublier l’urgence de nouvelles réponses scientifiques.

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