Le tournant ?

Publié le 9 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Pierre-Philippe Pasqua, fils de l’ancien ministre français de l’Intérieur, Iskandar et Akram Safa, deux hommes d’affaires libanais, et Pierre Falcone, proche du président José Eduardo dos Santos et figure centrale de l’Angolagate, devaient comparaître libres, le 8 octobre, devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Ils avaient en effet obtenu la levée des mandats d’arrêt internationaux lancés contre eux pour leur implication présumée dans le scandale de la Sofremi (ventes d’armes illégales à l’Angola) et leur remplacement par un simple contrôle judiciaire. Tous étaient en fuite à l’étranger, et, craignant d’être placés en détention, refusaient depuis plusieurs années de répondre aux sollicitations de la police et de la justice françaises.
Incarcéré entre 2000 et 2001, Pierre Falcone vivait en Angola et, en 2003, avait été nommé représentant de ce pays auprès de l’Unesco, afin de lui assurer une immunité diplomatique. Pierre-Philippe Pasqua, 59 ans, était pour sa part établi depuis sept ans avec sa famille en Tunisie, où il possède une belle villa à Sidi Bou Saïd, un village cossu au nord de Tunis.
« Mon client n’était pas en fuite, précise Me Pierre Haïk, son avocat. Au moment où des poursuites ont été engagées contre lui, il résidait régulièrement en Tunisie, où il possède des bureaux et exerce une activité dans le conseil. » Démentant tout arrangement, Me Haïk reconnaît que « le changement de climat [politique], une approche plus sereine et dépassionnée de la procédure et le fait que l’affaire ait été ramenée à de plus justes proportions » ont incité son client à rentrer en France.
Arrivé le 28 septembre à l’aéroport du Bourget, Pierre-Philippe Pasqua a été immédiatement entendu par les juges et astreint au paiement d’une caution de 200 000 euros, en deux tranches. Également poursuivi pour recel d’abus de biens sociaux dans une autre affaire de pots-de-vin (700 000 dollars) extorqués à la société GEC Alstom en 1994, il avait été jugé par contumace et relaxé en mars 2006, mais le parquet avait fait appel. L’affaire a commencé d’être rejugée le 4 octobre, en sa présence.
Le retour à Paris, en moins d’une semaine, de quatre personnages clés de la « galaxie Pasqua » impliqués dans le dossier de la Sofremi et la relative clémence à leur égard du juge des libertés et de la détention constituent un petit coup de théâtre. Certains magistrats croient deviner derrière ce revirement la main du pouvoir politique
L’Angolagate empoisonne depuis des années les relations entre Paris et Luanda. Or l’Angola est le deuxième producteur africain de pétrole et la société Total y possède de gros intérêts. Nicolas Sarkozy et José Eduardo dos Santos se sont rencontrés le 24 septembre à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Au sortir de l’entrevue, le président français, tout sourires, avait déclaré : « Je crois pouvoir dire qu’une page est définitivement tournée, celle des mauvaises relations entre l’Angola et la France. » Certains avaient cru discerner une assez transparente allusion à l’affaire Falcone

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