Sénégal : Thierno Bocoum, « entre le marteau du pouvoir et l’enclume de l’opposition »
Qui cherche à nuire à l’opposant Thierno Bocoum, le président de l’alliance Agir ? En quelques jours, deux cabales successives l’ont visé. Lui y voit la main de rivaux en politique, sans départager majorité et opposition…
Après avoir été longtemps le lieutenant d’Idrissa Seck (aujourd’hui président du Conseil économique, social et environnemental) et avoir fondé à ses côtés le parti Rewmi, l’ancien député Thierno Bocoum, 45 ans, est aujourd’hui à la tête de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir).
Ces derniers jours, alors qu’il prenait ses distances avec les deux principales coalitions de l’opposition en vue des élections locales de janvier 2022, ce quadragénaire a été pris en tenailles par deux cabales successives : l’une lui reprochant d’avoir perçu 200 millions de francs CFA [environ 305 000 euros] du régime de Macky Sall, l’autre l’accusant d’avoir sacrifié son propre fils, mort accidentellement en 2014 alors qu’il n’avait que 2 ans.
Thierno Bocoum dérange-t-il ? Et qui lui en voudrait à ce point ? S’il n’est pas encore un véritable poids lourd de l’opposition, sa voix et son positionnement intransigeant dérangent. « Nous avons dénoncé le fait que l’on n’ait pas donné la chance à un large rassemblement de l’opposition. Cette dispersion dans nos rangs est une très mauvaise chose », déclare-t-il à JA.
Lors des locales prévues fin janvier 2022, tout candidat qui remportera le scrutin, même d’une seule voix, raflera la mise dans chaque circonscription. « L’enjeu est de taille pour l’opposition puisque le résultat des locales peut dissuader Macky Sall de briguer un troisième mandat présidentiel en 2022« , assure à JA Thierno Bocoum.
« Agir a décidé de rester concentrée sur sa première option : rallier la coalition de l’opposition la mieux placée dans chaque localité, ajoute-t-il. Les candidats s’efforceront de mutualiser leurs forces, notamment pour le versement de la caution. Tout sauf Benno Bokk Yakaar’ [la coalition présidentielle] est notre mot d’ordre, à condition de ne pas entériner une quelconque division de l’opposition. »
Jeune Afrique : En quelques jours, vous avez été mis en cause dans deux affaires distinctes et graves : que vous a-t-on reproché au juste et qui étaient, selon vous, les personnes à l’origine de ces accusations ?
Thierno Bocoum : Le 20 août, j’ai livré une déclaration sur ma page Facebook, puis lors d’une conférence de presse. Je dénonçais la manière dont la coalition de l’opposition en vue des locales avait été formée. Depuis lors, je ne cesse de subir des attaques sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision.
On m’accuse d’avoir tué mon propre fils !
Je considère ces actes comme normaux dans le cadre du champ politique d’une démocratie comme le Sénégal où la contradiction est la norme. Mais cette affaire a ensuite pris une ampleur qui dépasse les limites de la liberté d’expression en démocratie. Car un Sénégalais de la diaspora [Ousseynou Seck] a attenté à ma dignité et à mon honneur à travers des accusations personnelles que je ne peux laisser sans réponse.
Notamment celle, ignoble, qui concerne mon défunt fils, décédé à l’âge de 2 ans, en 2014, après s’être noyé accidentellement.
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