Faire la paix pour défaire les mollahs
Plus opposés à une réconciliation israélo-arabe qu’à l’État hébreu lui-même, les mollahs iraniens ont recours à une rhétorique incendiaire antisémite, panislamique, qui a pour but de briser l’isolement de l’Iran et de présenter ses ambitions régionales sous un éclairage acceptable pour les populations sunnites. Dans un Moyen-Orient arabe, l’Iran est un ennemi naturel ; dans un monde islamique, l’Iran est un leader potentiel.
Israël a toutefois de bonnes raisons de s’inquiéter parce qu’un Iran nucléaire réduirait à néant la promesse sioniste d’un refuge sûr pour les Juifs – la logique au cur même de la politique d’« ambiguïté nucléaire » d’Israël – et qu’il encouragerait tous les ennemis de l’État hébreu dans la région. L’acquisition de capacités nucléaires par l’Iran provoquerait également une prolifération nucléaire incontrôlable dans la région, avec l’Arabie saoudite et l’Égypte en tête.
Dans le binôme Iran/États-Unis, ce sont les États-Unis et non l’Iran qui ont mené une diplomatie idéologique rigide. L’Iran a soutenu les États-Unis durant la première guerre du Golfe, mais a été écarté de la conférence de Madrid. L’Iran s’est également placé du côté de l’administration américaine dans la guerre contre les talibans en Afghanistan. Et lorsque les forces armées américaines ont mis l’armée de Saddam Hussein en déroute au printemps 2003, les Iraniens sur la défensive ont proposé un « pacte global » qui mettrait tous les points de contentieux sur la table, de la question nucléaire à Israël, du Hezbollah au Hamas. Les Iraniens se sont aussi engagés à ne plus faire obstruction au processus de paix israélo-arabe. Mais l’arrogance néoconservatrice américaine – « Nous ne discutons pas avec l’axe du Mal » – a empêché de donner une réponse pragmatique à la démarche iranienne.
L’humeur avait changé à Téhéran, à peu près au moment où toute la stratégie américaine au Moyen-Orient partait à la dérive. Ce pacte global reste toutefois la seule option viable pour sortir de l’impasse. Mais cela ne se fera pas en imposant des sanctions forcément boiteuses, ou par le recours à une logique de guerre froide de la part des États-Unis, dans l’espoir de ruiner l’Iran en l’entraînant dans une coûteuse course aux armements. L’influence régionale croissante de l’Iran ne tient pas à ses dépenses militaires, qui sont bien moindres que celles de ses ennemis, mais au défi qu’il pose aux États-Unis et à Israël par le biais d’un habile pouvoir de persuasion.
Une paix globale israélo-arabe, accompagnée d’investissements dans le développement et suivie d’un système de paix et de sécurité soutenu par la communauté internationale pour un Moyen-Orient et un Israël dénucléarisés de manière vérifiable, est le meilleur moyen de court-circuiter la stratégie de déstabilisation régionale de l’Iran.
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