Ce jour-là : le 5 novembre 1963, la guerre des Sables prenait fin

Le 5 novembre 1963, le conflit opposant le Maroc à l’Algérie s’achevait. Retour sur cet affrontement meurtrier.

Plusieurs milliers de Marocains portant chacun un Coran et le drapeau de leur pays franchissent la frontière du Sahara occidental, à Tah, le 6 novembre 1975. © Frilet/SIPA

Plusieurs milliers de Marocains portant chacun un Coran et le drapeau de leur pays franchissent la frontière du Sahara occidental, à Tah, le 6 novembre 1975. © Frilet/SIPA

Publié le 5 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Mardi 8 octobre 1963. L’armée algérienne attaque un détachement des Forces armées royales au lieu-dit Hassi Beïda, non loin de Colomb-Béchar (aujourd’hui, Béchar). Dix soldats marocains sont tués. Très vite, les affrontements s’étendent à la région de Tindouf et de Figuig. La « guerre des Sables » a commencé. Elle va durer près de trois semaines.

Il existe depuis longtemps un contentieux territorial à propos des régions du Sud rattachées à l’Algérie par le colonisateur français. En janvier 1957, celui-ci met au point un projet d’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) dont l’objectif est de faire du Sahara une entité autonome de l’Algérie. Les Français proposent même aux Marocains, qui ont accédé à l’indépendance l’année précédente, d’en exploiter conjointement les immenses ressources.

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Or non seulement ceux-ci refusent la proposition, mais ils en informent leurs frères algériens. En juillet, Hassan II et Ferhat Abbas, le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), reconnaissent l’existence d’un contentieux territorial et conviennent d’en différer l’examen jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.

Échec de la médiation

Celle-ci survient en 1962. Très vite, le GPRA est balayé par l’armée des frontières et Ahmed Ben Bella s’empare du pouvoir. Pour lui, pas question d’examiner un quelconque différend, le territoire algérien étant « un et indivisible ». Au cours du mois de septembre 1963, le Maroc masse des troupes le long de la frontière. Ben Bella accuse tour à tour son voisin d’expansionnisme et d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie.

Tout le monde veut encore croire qu’une solution pacifique est possible. Le 5 octobre, Ahmed Réda Guédira, le ministre marocain des Affaires étrangères, rencontre à Oujda Abdelaziz Bouteflika, son homologue algérien, pour tenter de désamorcer la crise. Mais l’irrémédiable a lieu dans la matinée du 8 octobre, quand les troupes algériennes occupent Hassi Beïda.

Le lendemain, Hassan II dépêche d’urgence à Alger Abdelhadi Boutaleb, son ministre de l’Information, et le commandant de la Garde royale pour réclamer justice pour les victimes marocaines d’Hassi Beïda et demander l’ouverture immédiate de discussions. L’entrevue avec Bouteflika est un échec total. Depuis son palais d’Agadir, où il tient des réunions-marathons avec son état-major, Hassan II appelle ses sujets à défendre l’intégrité territoriale du royaume.

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Inextricable

Les hostilités commencent. Elles feront, de part et d’autre, plusieurs dizaines de morts. Égyptiens et Cubains envoient sur place de petits contingents pour défendre leurs amis algériens, tandis que les Marocains bénéficient de l’appui des Américains. L’armée algérienne, encore embryonnaire, est bousculée. Les Marocains ont la possibilité de prendre Tindouf, mais, curieusement, s’en abstiennent et reculent, peut-être à la suite d’une intervention du général de Gaulle.

À Alger, le traumatisme est terrible. La création ultérieure d’une puissante armée « populaire » en sera la conséquence directe. Diverses tentatives de médiation échouent, jusqu’à ce que, le 26 octobre, le président malien Modibo Keïta invite Hassan II et Ben Bella à Bamako. Placée sous les auspices de l’Organisation de l’unité africaine, la rencontre débouche sur la conclusion d’un cessez-le-feu, qui doit prendre effet le 2 novembre.

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Mais, pendant trois jours, des combats sporadiques ont lieu, avant que les armes ne se taisent véritablement, le 5 novembre 1963. Le 15 janvier 1969, à Ifrane, un traité de paix est conclu entre l’Algérie et le Maroc. Mais les germes de futurs différends ne sont pas éradiqués pour autant : l’inextricable dossier du Sahara occidental n’est, encore aujourd’hui, toujours pas refermé.

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