Tati file un mauvais coton

Déclarée en cessation de paiements, la chaîne de magasins à bas prix a quatre mois pour faire la preuve de sa viabilité économique.

Publié le 8 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

C’est dans la presse que les 1 200 salariés du groupe Tati ont appris, le 30 août, que leur entreprise était en cessation de paiements. Sauvée in extremis de la liquidation pure et simple par une décision du tribunal de commerce de Paris, qui l’a placée, le 2 septembre, en redressement judiciaire, la célèbre enseigne au vichy rose, étape obligée du shopping populaire parisien, a quatre mois pour faire la preuve de sa viabilité économique. Et perpétuer un label cinquantenaire élevé au rang d’institution.
Fondateur de la marque, Jules Ouaki, juif tunisien naturalisé français, a ouvert son premier « bazar » en 1948, dans un local de 50 m2, boulevard Barbès, dans le 18e arrondissement à Paris. Le succès de l’enseigne des « plus bas prix » est immédiat. En 1975, deux autres grands « bazars » voient le jour rue de Rennes et place de la République. Dans les années 1980, Tati ouvre une dizaine de boutiques en province et cinq dans les DOM-TOM. La mort du père fondateur, en 1982, coïncide avec la disparition des vendeuses notant leurs additions sur les carnets à souche. La direction du groupe s’attelle alors à moderniser et à diversifier ses activités afin de contourner la concurrence directe des géants du secteur hard discount.
Fabien Ouaki, qui a repris les rênes de l’entreprise en 1992, s’occupe du lancement des diverses branches : Tati Or, Tati Voyages, Tati Optic, Tati Enfants, Tati Phone, Tati Mariages. Mais à trop vouloir se diversifier, la marque perd son identité. La tentative de recréer cette ambiance « bazar » dans les grands centres commerciaux de la périphérie parisienne, temples de la consommation, arrive trop tard.
L’entreprise donne ses premiers signes de déclin en 1998. En quatre ans, son chiffre d’affaires passe de 200 millions à 149 millions d’euros. En 2002, les pertes du groupe s’élèvent à 19,8 millions d’euros.
Outre deux de ses points de vente historiques à Paris, le magasin de la rue de Rennes en 1999 et celui de la place de la République en août 2002, Tati ferme cinq autres de ses trente boutiques en septembre 2002. En mars 2001, alors que l’entreprise allait déjà relativement mal et qu’un mandat de vente avait été confié à la Banque Lazard, Fabien Ouaki déclare, après avoir refusé une offre de rachat de 600 millions de FF (91,4 millions d’euros) : « Je ne vends plus, car Tati vaudra trois à quatre fois plus cher dans quatre ans. »
La disparition possible de Tati du paysage commercial français marquerait la fin d’une époque, celle du Paris popu, de la fringue pas chère. Et l’échec d’une gestion de type familial, avec ce que cette notion comporte de paternalisme et d’errements stratégiques. Un responsable de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), syndicat majoritaire du groupe, qui avait révélé la cessation de paiements la veille de son annonce, dénonçait, le 29 août, « les mauvaises implantations géographiques des magasins, l’absence de véritables politiques marketing, les erreurs de gestion, les assortiments en magasins qui ne répondent pas aux attentes des clients, autant d’éléments qui ont abouti à ce résultat ».

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