Cameroun : la coalition de l’opposition va-t-elle tenir ?

Annoncée en grande pompe en mars dernier, l’alliance des sept partis d’opposition qui devait proposer un projet de réforme du code électoral n’a pour l’instant rien donné. Mais ce n’est qu’une question de temps, jurent les intéressés.

Les leaders de l’opposition camerounaise à Yaoundé, le 31 mars 2021 © MABOUP

Les leaders de l’opposition camerounaise à Yaoundé, le 31 mars 2021 © MABOUP

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 12 octobre 2021 Lecture : 2 minutes.

Le temps est parfois élastique. Il peut même s’étirer plus que de raison. Les leaders de l’opposition camerounaise l’avaient-ils en tête quand, le 31 mars dernier, ils s’engageaient à proposer « dans les plus brefs délais » un projet de réforme électorale ?  À l’époque, l’annonce de leur alliance – fût-elle éphémère et de circonstance – avait fait grand bruit. Pour la première fois, Tomaino Ndam Njoya (Union démocratique du Cameroun, UDC), Maurice Kamto (Mouvement pour la renaissance du Cameroun, MRC), Cabral Libii (Parti camerounais pour la réconciliation nationale, PCRN), Joshua Osih (Social Democratic Front, SDF), Pierre Kwemo (Union des mouvements socialistes, UMS) et Hilaire Zipang (Mouvement progressiste, MP) promettaient de produire un document consensuel, qui serait ensuite soumis au Parlement.

Un code de bonne conduite avait été adopté et des secrétariats exécutif, technique et permanent mis sur pied. Mais six mois après l’installation de la cellule chargée de rassembler les propositions des différents acteurs politiques et de la société civile, les résultats des travaux menés par les membres de l’opposition n’ont toujours pas été communiqués. Et certains membres de la plateforme ne se sont toujours pas acquittés des cotisations destinées à financer ses différentes activités.

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Kamto absent

Faut-il en déduire que le collectif est au bord de la dislocation ? Pas forcément. Selon nos informations, la session de restitution des travaux et la publication de la proposition de code électoral était censée se tenir le 19 octobre. La séquence a cependant dû être reportée en raison de l’indisponibilité de certains membres de la plateforme : Maurice Kamto et Tomaino Ndam Njoya sont tous les deux en France et Pierre Kwemo ne pouvait pas se rendre à Yaoundé à cette date. « Ce qui nous retarde, ce n’est qu’un problème de calendrier, confirme à Jeune Afrique un membre du secrétariat technique. Le code de bonne conduite que nous avons adopté en mars stipule que les sept leaders politiques qui étaient ensemble au départ doivent tous être présent lors de la restitution des travaux. »

Les travaux proprement dit sont néanmoins achevés. Le document reprend pour l’essentiel les grandes propositions historiquement portées par les partis d’opposition : élections à deux tours, réforme d’Elecam (l’organe chargé de l’organisation des scrutins) et adoption du bulletin unique. « Nous sommes parvenus à un consensus. Cette proposition, c’est ce qui nous paraît être le minimum à faire pour garantir des élections libres et transparentes au Cameroun », ajoute notre source au secrétariat technique.

Un RDPC plus conciliant ?

Initialement réfractaire à cette union de l’opposition autour d’un projet de réforme du code électoral, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) semble avoir revu sa position. Lors d’une rencontre avec leurs pairs allemands au sujet de la reconstruction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les députés du parti au pouvoir ont affirmé attendre la proposition de réforme de l’opposition, laquelle « sera débattue en temps opportun pour un consensus aussi large que possible ».

Discours de circonstance ou réel changement de ton ? Les acteurs de l’opposition restent optimistes. « Si nous n’étions pas convaincus que notre initiative avait une chance de prospérer, conclu l’un d’entre eux, nous ne nous serions pas aussi engagés. Nous avons bon espoir que cette proposition va faire évoluer les choses. »

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