Le mâle est mal parti

Publié le 8 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Dans les pubs d’Oxford, on ne parle plus que de ça. Une vedette locale – non, il ne s’agit pas de foot… -, une vedette locale, le professeur Bryan Sykes pour ne pas le nommer, vient de faire une découverte stupéfiante. Dans à peu près 125 000 ans, c’est-à-dire demain en termes d’évolution, le mâle Homo sapiens aura disparu. Il ne restera plus que des femelles. Oui, oui, vous avez bien lu, plus de John, de Rachid ou de Boubakar, que des Sylvie, des Fadwa et des Mama Benz. Génial, non ? Plus de tube de dentifrice mal refermé, plus de chaussettes blanches portées avec des souliers noirs, plus de concours de crachats ou de rots, la race humaine enfin civilisée entrera dans l’âge d’or. On ne fera plus la guerre, le rugby sera officiellement aboli et les bistrots remplacés par des salons de thé. Ferrari et BMW feront faillite et la Fiat 127 refera son apparition.

Le professeur Sykes n’est ni Nostradamus ni Aïcha la voyante : c’est un généticien très sérieux qui vient de publier les résultats de ses recherches dans un livre intitulé Adam’s Curse, quelque chose comme La Malédiction d’Adam. De quoi s’agit-il ? La seule différence, génétiquement parlant, entre un homme et une femme, c’est la dernière paire de chromosomes. Un mâle, c’est XY, et l’on conçoit que le Y se sente bien esseulé. En revanche, une femme, c’est XX, si l’un des X est déficient, l’autre vient à la rescousse. Le chromosome Y, le petit bout d’ADN qui détermine le sexe de l’homme, s’abîme donc de façon irréversible parce qu’il n’a pas les moyens de se réparer tout seul. À long terme, il est condamné, comme le dodo ou le loup blanc.
Quand on lui dit que tout cela a l’air d’un scénario de science-fiction, Bryan hausse les épaules et montre des tableaux de statistiques : au cours des cinquante dernières années, 2 % de la population mâle du globe est devenue stérile à cause d’une mutation du chromosome Y. Cette évolution a probablement commencé dès l’expulsion d’Adam du paradis, et, si on prolonge la courbe, on peut calculer grosso modo le temps qu’il faudra pour arriver à la disparition totale du chromosome Y : cinq mille générations, soit 125 000 ans. À partir de là, l’humanité se reproduira probablement par scissiparité, à moins que ces dames ne trouvent autre chose.
Je vous sens pâlir. Que se passe-t-il ? Vous n’arrivez pas à envisager un monde sans Le Pen, sans George Bush, sans Ovadia Joseph, sans Rambo, sans le mollah Omar, sans Delon, sans maffiosi, sans tueurs en série, sans videurs de boîte de nuit ?

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