À la recherche du Boeing fantôme

Malgré tous les moyens déployés par les services de renseignements américains, l’appareil qui a quitté Luanda le 25 mai reste introuvable.

Publié le 8 septembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Les services de renseignements américains ont pris très au sérieux la disparition du Boeing 727 qui s’est envolé le 25 mai dernier, peu après 6 heures du matin et malgré l’opposition de la tour de contrôle, de l’aéroport international de Luanda, en Angola, et qu’on n’a jamais revu depuis. Leur crainte était qu’il soit tombé entre les mains de membres ou de complices d’el-Qaïda, et qu’il soit utilisé pour un attentat terroriste, comme les avions détournés le 11 septembre 2001 sur le World Trade Center de New York.
À la fin août, ils n’avaient toujours pas retrouvé la moindre trace d’un appareil fabriqué en 1970, qui mesure quand même 46 mètres de long et pèse 90 tonnes. Leur conclusion actuelle est qu’il doit être caché dans un hangar, éventuellement pour être démonté et vendu en pièces détachées. Ou bien qu’il s’est écrasé dans la forêt vierge, dans un lac profond ou dans l’Atlantique.
Le FBI (Federal Bureau of Investigation) a été alerté dès le 25 mai par le propriétaire du Boeing, une société qui a son siège en Floride, l’Aerospace Sales and Leasing. Les satellites espions américains ont aussitôt entrepris de photographier tous les aéroports africains, que sont également allés visiter les diplomates sur place. Ces derniers n’ont pas manqué non plus d’interroger les autorités responsables des transports aériens. En vain.
Fin juin, un pilote canadien crut avoir repéré le Boeing sur l’aéroport de Conakry, en Guinée, le numéro inscrit sur la queue de l’appareil recouvert d’une couche de peinture. L’avion suspect fut retrouvé au Liban, mais ce n’était pas le bon 727. Pas plus qu’un autre, signalé en Libye. Le personnel diplomatique américain fit également des recherches en Amérique centrale et en Amérique du Sud, pour le cas où le Boeing aurait traversé l’Atlantique, avec une escale aux Açores.
Parallèlement, le FBI faisait circuler dans la presse et sur le Web une photo de Ben Charles Padilla, le dernier pilote-mécanicien qui ait fait voler l’avion. De son côté, le département d’État faisait afficher son portrait dans divers pays d’Afrique et promettait une récompense pour tout renseignement. Ces recherches-là, elles non plus, n’ont rien donné.
La famille Padilla, qui vit en Floride, est persuadée que Ben Charles est mort. Joseph Padilla, l’un de ses frères, affirme que la famille est très unie et que s’il était vivant, il aurait pris contact avec lui. Un autre frère raconte que, juste avant la disparition de Ben, il l’avait averti par e-mail que leur mère avait eu une crise cardiaque. Ben avait répondu qu’il l’appellerait au téléphone. Ce qu’il n’a jamais fait.
Ben Padilla et son assistant congolais, John Mikel Mutantu, avaient été engagés au printemps dernier par l’Aerospace Sales pour réparer le Boeing, s’assurer qu’il était en état de marche et régler les problèmes avec les autorités angolaises, qui l’avaient interdit de vol.
Selon ces dernières, le propriétaire de l’appareil était débiteur de dizaines de milliers de dollars pour les droits d’atterrissage et de stationnement. Le Boeing n’était pas conforme aux règles de sécurité, car les sièges et l’aménagement intérieur avaient été enlevés pour laisser la place à d’énormes réservoirs de carburant. Il avait été loué à plusieurs reprises pour livrer du carburant à des mines de diamants en différents points de l’Angola, un pays de 1,3 million de km2.
Padilla et Mutantu étaient les seules personnes à bord du Boeing le 25 mai. Mutantu, précise-t-on, n’avait pas de brevet de pilote, et Padilla, s’il avait le permis nécessaire pour piloter un 727, n’était pas très expérimenté.
Des démarches avaient été faites, ces derniers mois, soit pour louer, soit pour acheter l’appareil. Sans s’acquitter forcément de ce qui était dû aux autorités angolaises.

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