Algérie, RDC, Côte d’Ivoire : sortie de crise en ordre dispersé selon le FMI

Si l’on en croit les prévisions publiées par le FMI, l’Afrique se redresse autant au sud du Sahara (+3,7 % en 2021 et +3,8 % en 2022) qu’au Maghreb–Moyen-Orient (+4,1 % en 2021 et 2022).

La Casbah correspond à la vieille ville ou médina d’Alger, capitale de l’Algérie. © Flickr/CC/Yves Jalabert

La Casbah correspond à la vieille ville ou médina d’Alger, capitale de l’Algérie. © Flickr/CC/Yves Jalabert

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 13 octobre 2021 Lecture : 2 minutes.

En apparence, l’Afrique surmonte plutôt mieux que prévu la crise économique née de la pandémie. Pour autant, les commentaires de Gita Gopinath, l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), n’incitent pas à un grand optimisme.

D’abord, parce que les pays riches progressent mieux (+5,2 %) que l’Afrique et le Moyen-Orient. Ensuite, parce que « les prévisions pour les pays du groupe à faibles revenus se sont considérablement assombries en raison d’une aggravation de la pandémie », prévient Gita Gopinath, dans la nouvelle édition des Perspectives de l’économie mondiale du FMI, publiée le 12 octobre.

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Différences d’accès à la vaccination

Les divergences entre les pays riches et les pays en développement s’expliquent par les différences d’accès à la vaccination. « Alors que 60 % de la population des économies avancées sont totalement vaccinés, environ 96 % de la population des pays à bas revenus ne le sont toujours pas », selon l’économiste.

Pour autant, toute l’Afrique n’est pas logée à la même enseigne. En matière de croissance, cette année verra se creuser en Afrique subsaharienne un grand écart entre le Botswana (+9,2 %) ou les Seychelles (+6,9 %) et la Centrafrique (-1 %) ou l’Angola (-0,7 %).

Cette hétérogénéité se prolongera en 2022, car dix pays connaîtront une croissance supérieure à 6 % avec les Seychelles (+7,7 %) et le Rwanda (+7 %) en tête, alors que la Guinée équatoriale (-5,6 %) et la Zambie (+1,1 %) continueront à souffrir.

Le différentiel entre les extrêmes s’aggravera un peu en 2022

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Les écarts seront moins grands au nord de la ligne sahélienne où aucun pays ne connaîtra de récession. En 2021, le moins dynamique (la Mauritanie, +2,7 %) ne sera pas très loin du plus en forme (Djibouti, +5 %).

Le différentiel entre les extrêmes s’aggravera un peu en 2022, avec un coup de frein pour l’Algérie (+1,9 %) et une accélération pour Djibouti (+5,5 %).

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Inflations et risques de tensions sociales

L’inflation due à la hausse des prix des matières premières alimentaires, mais aussi, par exemple, aux goulots d’étranglement du transport maritime qui ralentissent l’approvisionnement des marchés, ne devrait pas s’aggraver au-delà de 2022, selon le FMI, qui se dit tout de même inquiet des troubles sociaux que cette situation risque de provoquer dans un futur proche.

Si on laissait faire les mécanismes du FMI, les pays africains ne toucheraient que 5 % des 650 milliards de dollars de DTS

Là encore, les différences d’augmentation des prix à la consommation sont spectaculaires. Quatre pays subsahariens connaîtront en 2021 un rythme d’inflation annuelle supérieur à 20 % (l’Angola, l’Éthiopie, le Soudan du Sud et la Zambie), alors que quinze pays ne dépasseront pas une hausse de +3 %, notamment en Afrique occidentale. L’Afrique du Nord est, dans ce domaine aussi, plus homogène. L’inflation algérienne pointera à +6,5 % et la marocaine, à +1,4 %.

Les prévisions de Gita Gopinath, cheffe économiste du FMI depuis octobre 2018, n’incitent guère à l’optimisme.

Les prévisions de Gita Gopinath, cheffe économiste du FMI depuis octobre 2018, n’incitent guère à l’optimisme.

Gita Gopinath a rappelé que le FMI demande aux pays riches de céder volontairement aux États sans grands moyens leurs propres parts des 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) qui ont été créés en août. En effet, si on laisse faire les mécanismes du FMI, les pays africains en toucheraient seulement 33 milliards de dollars.

Les assemblées du FMI et de la Banque mondiale qui se réunissent à Washington du 11 au 17 octobre doivent discuter de la façon dont 100 milliards de dollars supplémentaires pourraient être transférés des pays qui n’en ont pas besoin vers ceux qui en manquent cruellement.

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