Côte d’Ivoire : la conspiration
Publié le 8 septembre 2003 Lecture : 1 minute.
Après plusieurs semaines d’un suspense, le gouvernement ivoirien a été contraint de laisser la vérité éclater au grand jour : la sévère répression qui a abouti à la condamnation en avril 1963, par la Cour de sûreté de l’État, de treize personnes n’a pas découragé les mécontents. Ces derniers préparaient une seconde conspiration.
Un récent déplacement à Marseille de Philippe Yacé, président de l’Assemblée nationale, et secrétaire général du Parti démocratique de Côté d’Ivoire, « lieutenant » inconditionnel de Félix Houphouët- Boigny et partisan de la politique du « gros bâton » vis-à-vis de l’opposition, avait quelque peu intrigué les observateurs. Celui que l’on présente généralement comme le « dauphin » du régime était, en effet, venu en France pour avertir le chef de l’État ivoirien de ce que sa vie était de nouveau menacée. L’avertissement avait porté, car lorsque le paquebot Général-Mangin se présenta le 28 août dernier à l’entrée du canal de Vridi, ayant à son bord Houphouët-Boigny qui regagnait son pays après quatre mois d’absence, toute la périphérie du port d’Abidjan avait été évacuée par les policiers et la « Garde baoulée » – garde du corps personnelle du chef de l’État.
Dans les jours qui suivirent, cette impression de pesanteur s’aggrava. Un message du président de la République fut annoncé, puis annulé. Houphouët-Boigny prit des contacts personnels avec les syndicalistes, les milieux d’affaires, les chefs des communautés malienne, voltaïque [burkinabé] et nigérienne installées en Côte d’Ivoire ainsi que tous les représentants diplomatiques présents à Abidjan ; tout cela était à la fois troublant et insolite.
En l’absence de précisions sur les conspirateurs, les recherches s’orientent dans trois directions : les syndicats, les jeunes, les tribus. La plupart des éléments ivoiriens valables se trouvant déjà soit en prison soit à l’étranger, l’isolement du chef de l’État devient alarmant.
